Une centaine de militants anti-OGM ont investi, lundi à l'aube, un site de Monsanto à Trèbes, dans l'Aude, et ont vidé des sacs de maïs OGM Monsanto 810, une semence dont ils réclament l'interdiction.
« On demande que le ministère de l'Agriculture prenne un arrêté immédiat interdisant le Mon 810. Ils ont fait des déclarations en ce sens il y a deux mois, mais on ne voit rien venir », a déclaré Jean Sabench, de la Confédération paysanne, qui revendique « une inspection citoyenne du centre de conditionnement de semences de Monsanto ».
Monsanto, a dénoncé Jean Sabench, conditionne des semences OGM pour les distribuer aux agriculteurs alors que le ministère de l'Agriculture a, selon lui, donné instruction aux semenciers de ne pas livrer de semences OGM Mon 810. Le représentant de la Confédération paysanne a souligné qu'il était urgent de déclarer l'interdiction car les semis doivent débuter dans un mois.
Au-dessus du tas de maïs répandu au sol, les militants de la Confédération paysanne et des Faucheurs volontaires ont déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Danger, zone OGM ».
Après leur opération, les militants étaient rassemblés pacifiquement sous le hangar numéro 2 du site Monsanto de Trèbes, sous la surveillance de gendarmes arrivés en renfort. Ils attendaient d'avoir un contact avec la préfecture pour obtenir des garanties concernant l'interdiction du Monsanto 810.
« L'Etat peut décréter rapidement un moratoire en se basant sur la loi qui prévoit la préservation des autres types d'agriculture », assure Christine Thelen, membre des Faucheurs volontaires et agricultrice bio sur le plateau du Larzac (Aveyron). « On a démontré avec cette action que du maïs OGM est prêt à être distribué en France, affirme la militante. C'est une course contre la montre, il faut agir avant qu'il ne soit trop tard. »
L'action surprise a été menée vers 6h30 dans un entrepôt du groupe d'agrochimie. Les protestataires ont réussi à entrer dans le site malgré la présence de quelques gendarmes postés à l'entrée.
Le moratoire sur les cultures OGM, lancé par la France en février 2008, a été récemment invalidé par la Cour européenne de justice de Luxembourg et le Conseil d'Etat. La France a par la suite annoncé son intention de décréter un nouveau moratoire.
A la fin de novembre 2011, le chef de l'Etat avait affirmé que le gouvernement maintenait son opposition à la culture du maïs OGM Monsanto 810 sur le territoire français et qu'il avait chargé les ministres de l'Ecologie et de l'Agriculture de mettre en œuvre l'interdiction pratique de cette culture.
Le 6 janvier 2012, une centaine d'apiculteurs avaient occupé pendant plusieurs heures un site de Monsanto à Monbéqui (Tarn-et-Garonne) pour exiger du gouvernement l'interdiction rapide du maïs OGM en France.
Le site de Monsanto-Trèbes avait été déjà envahi au printemps de 2006 par une trentaine de syndicalistes paysans, dont José Bové. Jugés en 2008 pour cette action, ils avaient été relaxés. Monsanto avait alors dit son exaspération et estimé que la France était « une zone de non-droit pour les auteurs d'actes de violence et de vandalisme menés par les opposants aux biotechnologies ».
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