Français, Allemands et Britanniques ont commencé mardi à abattre leurs cartes dans la bataille autour de la redistribution, après 2013, des milliards de la Pac, objets de toutes les convoitises.
Lors d'une réunion informelle des ministres européens de l'Agriculture à Mérida (Espagne), la nouvelle ministre conservatrice britannique Caroline Spelman a d'emblée réclamé « une réduction et une réorientation » des subventions agricoles. Elle voit dans les caisses vides de l’Europe une « occasion propice » pour convaincre ses partenaires.
Selon un diplomate européen, elle a pu compter à Mérida sur le soutien de la Suède ou du Danemark. Mais les Britanniques, qui avaient négocié en 1984 un rabais de leurs contributions au budget européen en arguant qu'ils ne profitaient pas assez de la Pac, se heurtent à ceux soucieux de défendre leur part du gâteau.
La France, premier bénéficiaire de la Pac (9,5 milliards d'euros en 2009), veut qu'elle reste la première politique communautaire. Pour le ministre français de l’Agriculture, ce point n'est « pas négociable ». Paris travaille à une position commune avec l'Allemagne qui sera prête à l'automne, a-t-il précisé.
Deuxième bénéficiaire (6,3 milliards en 2009), l'Allemagne veut « se battre aux côtés de la France », a confirmé son homologue allemande Ilse Aigner. Mais les deux pays ne sont pas sur la même ligne concernant la régulation des marchés pour protéger les agriculteurs des fluctuations des cours, un autre point « non négociable » pour Bruno Le Maire.
« Sur la régulation, les Français vont plus loin que nous », juge un membre de l'entourage de la ministre allemande. Paris et Berlin tentent aussi de monter une alliance avec la Pologne pour mieux peser face aux Britanniques. Mais la Pologne (2,03 milliards de subventions en 2009) fait partie des nouveaux Etats membres de l'UE qui s'estiment lésés par les critères de répartition des aides fondés sur des niveaux de production historiques, et militent pour un rééquilibrage en leur faveur.
Le commissaire européen à l'Agriculture, le Roumain Dacian Ciolos, a clairement rappelé à Mérida que ces références historiques étaient à son sens « injustifiées aujourd'hui ». « Nous sommes prêts à revoir les références historiques, c'est déjà une vraie ouverture » face à Varsovie, juge Bruno Le Maire. Tout en reconnaissant que la question de savoir « jusqu'où il faut aller et à quel rythme » allait être l'un des points de négociation « les plus essentiels ». Ilse Aigner souhaite que le rééquilibrage en faveur des nouveaux Etats soit le plus « progressif » possible afin d'éviter des pertes « trop brusques » à ses agriculteurs.
Pour l’instant, les questions budgétaires l’emportent sur le fond. La Commission européenne entend présenter en novembre les grandes orientations de sa réforme, en vue d'une entrée en vigueur au 1er janvier 2014. L'enjeu est de rendre l'agriculture européenne plus verte, mais aussi plus compétitive sur le marché mondial.
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mercredi 02 juin 2010 - 12h39
Serons nous encore agriculteurs en 2014? La prochaine disette se prépare aujourd'hui.