Les propositions des professionnels du secteur de la viticulture, remises la veille à Michel Barnier, dans le cadre du plan de modernisation ont été présentées à la presse, vendredi, par les responsables des trois groupes de réflexion, sur la gouvernance de la filière, la compétitivité, et la recherche et le développement .
Le ministre de l'Agriculture devrait proposer d'ici à la fin de mai un plan quinquennal de restructuration et de relance de la filière vitivinicole. Le président de la République devrait ensuite annoncer les mesures qui seront mises en oeuvre.
Pour la gouvernance de la filière, deux orientations complémentaires sont proposées: rapprocher les lieux de décisions au niveau des bassins de production, simplifier et clarifier la gouvernance au niveau national.
Au niveau régional, «les dix conseils de bassin seront les lieux privilégiés de concertation», notamment sur les questions de maîtrise des volumes, de promotion et d'organisation, a expliqué Jérôme Despey, responsable du groupe de réflexion et président du conseil de direction des vins de l'office Viniflhor.
«Le grand débat du groupe» a porté sur les interprofessions, a-t-il souligné. Leur «rôle est à renforcer concernant notamment la capacité de mise en marché», affirme le rapport remis au ministre.
Surtout, il est préconisé «d'aller vers une seule organisation interprofessionnelle au sein de chaque bassin pour tous les vins à indication géographique, AOP et IGP».
Le groupe de réflexion sur la compétitivité de la filière propose quant à lui cinq orientations: diminuer les contraintes réglementaires et administratives, adapter la segmentation de l'offre, restructurer les entreprises de vinification et de commercialisation, améliorer l'information de la filière sur son environnement et ses marchés et développer la formation des acteurs de la filière, mettre en place des dispositions de prévention et de gestion des risques.,
La priorité pour l'ensemble de la filière, qui fait l'unanimité chez les professionnels, porte sur les conditions de publicité et de promotion. Elles «doivent être précisées et actualisées notamment pour que les articles de presse ne soient pas considérés comme des messages publicitaires, et pour intégrer le support internet parmi les supports autorisés par le code de santé publique», préconise le rapport.
«Il faudrait éviter que la France, leader mondial, ne se tire une balle dans le pied par une politique que certains considère comme presque prohibitionniste», a déclaré Yves Bénard, responsable du groupe de réflexion sur la compétitivité et président du comité national des vins, eau-de-vie et autres boissons alcoolisées de l’Inao.
Concernant la diminution des contraintes, les professionnels proposent en outre «un allègement des réglementations sur les acquisitions foncières (Safer et CDOA)» pour «permettre l'arrivée d'investisseurs nouveaux».
Ils souhaitent une segmentation de l'offre à trois niveaux: les vins sans indication géographique «pouvant sous conditions se référer à une marque ombrelle», correspondant au positionnement actuel du vin de pays Vignobles de France, une catégorie intermédiaire de vins avec IG se référant à un territoire régional, une catégorie de vins se référant à un terroir marquant profondément la typicité du produit.
Pour l'innovation, «il n'y a pas de convergence sur les moyens à mobiliser pour financer les actions de recherche et d'expérimentation», a expliqué le responsable du groupe de réflexion, Bernard Nadal, président de l’Institut français de la vigne et du vin (IFVV).
Avant de créer de nouvelles ressources, il convient «de faire un état des lieux des moyens actuels, humains et financiers et d'essayer de mettre en cohérence les moyens identifiés, notamment interprofessionnels avec les objectifs stratégiques de recherche», selon le rapport.