Vente directe. Le point de vente, situé sur le site de fabrication, est ouvert du lundi au vendredi. Il permet la commercialisation de 14 % de la production, grâce à une clientèle locale fidélisée.

Entreprise familiale. La famille est soudée autour du projet porté par Sonia, ici entourée de Luc, son beau-père (au centre), ses oncles Jean-Marc (à droite) et Serge, et son jeune cousin Florian (à gauche). Tous sont fiers de cette transformation de leur lait produit à 1.000 m d’altitude.

« J'ai eu un déclic lors de la grève du lait en 2009. La vue de ce lait déversé dans les prés m'était insupportable », explique Sonia Gourdy, salariée et responsable à cette époque du rayon frais dans une supérette de produits frais. Une discussion en famille conforte le projet de la jeune femme. Elle décide de s'installer sur l'exploitation familiale à Gelles (Puy-de-Dôme), pour transformer une partie des 650.000 litres de lait produits chaque année.

Un plan professionnel personnalisé, avec un stage de six mois, complète son bac agricole. Sonia intègre ensuite l'EARL du Puy de Banson, qui compte désormais cinq associés. Luc, son beau-père et ses deux oncles, Jean-Marc et Serge, exercent à côté une activité de commerce de bétail. Son cousin, Florian, travaille à temps plein. Tristan, un salarié, leur prête main-forte. La jeune femme prend en charge la transformation et la commercialisation d'une gamme de produits laitiers.

Un atelier moderne

La famille Gourdy investit 600.000 euros dans un outil de travail comprenant un bâtiment neuf, qui abrite l'atelier de transformation, et un camion. L'atelier de transformation, très fonctionnel, offre de bonnes capacités de développement de la production. Démarrée à 50.000 litres transformés la première année, en 2013, elle atteindra 170.000 l en 2014.

« Nous pourrons traiter jusqu'à 350.000 l de lait, précise Sonia. C'est notre objectif. »Très engagée dans sa démarche et volontaire, la jeune femme gère une filière qu'elle a créée de A à Z. Elle a démarré par une étude de marché, réalisée avec Monique Tournadre à la chambre d'agriculture départementale. Le logo a été choisi en famille.

Les trois générations réunies ont mis quinze mots qui leur parlaient dans un chapeau. « Cœur » et « fermier » ont fait l'unanimité pour déposer le nom de leur marque, Cœur de fermier. Le packaging est réfléchi, conjuguant modernité et tradition. Sonia est aidée par Thierry Saint-Luc, un passionné qui a créé également le site internet.

Une gamme élargie

« Au démarrage, nous sommes partis sur des produits et des parfums classiques : des yaourts nature fermes ou brassés, une gamme aromatisée à la vanille, à la fraise, au citron et à la noix de coco », explique la jeune femme, qui emploie trois personnes à la fabrication. Elle se lance dès lors dans une prospection des points de vente possibles dans le département et dans les communes alentour.

« Dans chaque enseigne où je propose nos produits, je les fais goûter, tout en restant attentive aux demandes de mes clients, poursuit-elle. L'expérience de dix ans dans un magasin de produits frais m'aide dans cette approche. »La gamme Cœur de fermier s'implante progressivement dans les petites, moyennes et grandes surfaces du secteur, sans oublier les crémeries et les épiceries. Les restaurateurs et les pâtissiers sont fidélisés avec du lait cru conditionné en 5 et 10 litres. Le nombre de points de commercialisation s'élève aujourd'hui à 250. Il y a quatre tournées hebdomadaires.

« Au printemps, nous avons rapidement doublé les volumes de faisselles et de fromage blanc, raconte Sonia. Nous avons élargi notre gamme avec des yaourts sur coulis de fruits, à la mûre, à la fraise, à la framboise et aux abricots qui plaisent bien. » Emilie, une ancienne stagiaire en licence professionnelle « transformation de produits fermiers », a été embauchée pour travailler à l'élaboration de crèmes dessert, qui enrichiront la gamme en janvier prochain.

« Nous constituons une belle équipe, pleine d'entrain pour fabriquer et vendre un produit qui nous plaît. C'est important !, précise Sonia. Nous avons des échanges fructueux avec d'autres collègues fromagers. Le choix du matériel de transformation est primordial, c'est un poste où il est bon de se faire bien conseiller. L'investissement est lourd, il ne faut pas se louper. »

Monique Roque-Marmeys

(publié le 5 décembre 2014)