Après trois semaines d'occupation de la Maison du lait, la pression exercée par la Confédération paysanne pour obtenir d'être représentée au sein des interprofessions monte d'un cran. Le 27 septembre 2010, des militants ont entamé une grève de la faim.
« C'est la colère qui nous guide, explique André Bouchut, secrétaire national. Nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout. »
Les grévistes sont suivis par un médecin et soutenus par des élus de gauche, de plus en plus présents à leurs côtés.
Une note interne de la Fnil (industriels privés laitiers), datée de 2004, a nourri le feu.
Même la Coordination rurale, jusque-là bien silencieuse sur l'action de la Confédération paysanne, alors qu'elle revendique aussi sa place dans les interprofessions, dénonce une FNPL qui se plie aux exigences des transformateurs.
Cet aveu de dysfonctionnement pour les uns n'est qu'un tract publicitaire pour les autres.
« A l'époque, certains transformateurs se désintéressaient de l'interprofession. La note a pour seul objectif de les convaincre de cotiser, souligne un spécialiste du dossier. Le Cniel n'existe que parce que la FNPL le veut. »
La cogestion plutôt que la cacophonie
Attaqué personnellement, Jean-Michel Lemétayer a fini par sortir de son mutisme. Dans une lettre adressée à ses troupes le 21 septembre 2010, il rappelle que l'essence de la FNSEA est de parler aux pouvoirs publics au nom de tous les paysans.
Si, en 1975, lors de la loi sur les interprofessions, il n'existait qu'un seul syndicat, l'élection des chambres d'agriculture de 2007 (1) rappelle que la Confédération paysanne (19,6 %) et la Coordination rural (18,7 %) comptent.
Un argument qui ne suffit pas à ouvrir les interprofessions : « Le Cniel est constitué selon le principe de la libre association. Pour y entrer, il faut prouver sa volonté de travailler ensemble », souligne- t-on dans la grande maison.
L'occupation des locaux et les violences ne vont pas dans ce sens. « Je suis convaincu que la multiplication de voix engendre la cacophonie et que la cacophonie engendre l'immobilisme », renchérit le président de la FNSEA.
Pour les minoritaires, les maux de l'agriculture trouvent au contraire leur explication dans cette cogestion.
Un dialogue de sourds que le ministre aurait pu éviter en inscrivant le pluralisme syndical dans la loi de modernisation.
A défaut, il s'est fendu d'une lettre ouverte aux syndicats contestataires pour réaffimer « l'intérêt des interprofessions d'ouvrir le dialogue avec toutes les organisations syndicales représentatives » (2).
Il devait recevoir la Confédération paysanne mercredi soir.
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(1) Dernier indicateur de représentativité des syndicats.
(2) Voir en rubrique « Courrier des lecteurs » de La France Agricole du 1er octobre 2010.
Budget et missions du Cniel Le budget de fonctionnement du Cniel s'élève à 38 millions d'euros (M€).Les producteurs en financent 75 %. Environ 25 M€ sont consacrés à des actions promotionnelles collectives telles que la publicité pour les produits laitiers. Le Cniel investit également beaucoup dans la recherche. Une centaine de projets sont en cours. D'autres actions sont économiques (observatoire des marchés, prise en charge des inhibiteurs…). Si le ministère de l'Agriculture et celui des Finances constatent l'intérêt collectif de ces actions, ils prennent un arrêté d'extension, qui rend la cotisation obligatoire pour tous les agriculteurs. |
par Arielle Delest (publié le 29 septembre 2010)
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