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Article 3 :

Les gestes à éviter et les pratiques à mettre en place

Les gestes du quotidien sont des facteurs importants de contamination. Dans la plupart des cas, des solutions simples peuvent limiter les risques.

La démonstration qui a le plus d'impact lors des formations Certiphyto est celle mise en place par certains techniciens en utilisant un colorant invisible qui se dévoile sous la lumière noire. Le principe est simple : les agriculteurs sont invités à remplir l'incorporateur avec un bidon contenant le colorant puis à effectuer différentes opérations comme le changement d'une buse.

Les participants se rendent alors dans une pièce sombre où la lumière noire est allumée. Et là, surprise ! tous les agriculteurs sont recouverts d'impacts d'encre invisible. Cette petite expérience fait prendre conscience à tous que la contamination peut survenir lors d'une opération se déroulant sans problème, en dehors de tout incident lors de la préparation de la bouillie.

 

Contamination de la maison

Des expériences similaires menées par des fabricants d'équipements de protection ont montré que les traces du colorant se retrouvaient aussi dans la maison de l'agriculteur, notamment sur les sièges auto des enfants. Des mains mal lavées et les vêtements portés pendant la pulvérisation qui ne sont pas changés sont de gros facteurs de contamination.

MSA et formateurs Certiphyto cherchent d'ailleurs à impliquer davantage les conjoints d'agriculteurs dans ces démarches de protection. Exiger que celui ou celle qui a passé la journée à appliquer de l'herbicide ou traiter des semences prenne une douche avant de s'occuper des enfants ou de s'installer à table est une habitude simple à prendre mais elle aura un impact important sur la santé de l'agriculteur et de sa famille.

Enfin, l'utilisation d'EPI n'est pas suffisante pour garantir la protection. Encore faut-il les porter correctement, les enlever en respectant les procédures et les renouveler régulièrement.

 

Bannir le téléphone

Les études sur les causes de contamination aux produits phyto en dehors des accidents de bouillie sont sans appel : téléphone portable et clés sont les plus gros vecteurs de particules toxiques.

• Répondre sur son téléphone portable impose de retirer au moins un gant, de fouiller dans ses poches sous le tablier ou dans la combinaison et enfin d'ôter le masque. Tout ça sans se laver les mains et dans la précipitation. Si les gants sont contaminés, le téléphone et le visage de l'agriculteur le seront aussi. Enfin, la conversation téléphonique détourne l'attention et augmente le risque d'accident de préparation de la bouillie.

• Oublier le téléphone pendant 10 minutes, le temps de la préparation de la bouillie est une habitude indispensable à prendre. Attention, les solutions type Bluetooth ou kit mains libres ne sont pas utilisables car ces accessoires peuvent être contaminés par les gants. De plus, il sont rarement compatibles avec le port d'un masque.

 

Accepter l'inconfort en période chaude

Même la plus légère des combinaisons ou le tablier le plus respirant ne vous empêcheront pas de transpirer au soleil. Il ne faut pas oublier que ce sont avant tout des vêtements de protection chimique et non des textiles pour le sport.

• Lorsqu'on leur ajoute les gants épais, le masque et les lunettes, la situation peut vite devenir très inconfortable. Il n'est pas rare de rencontrer des agriculteurs qui, pour la quatrième bouillie de la journée et en plein soleil, ont rabattu la combinaison et fait tomber le masque. Dans ces conditions, c'est comme s'ils ne portaient rien.

• Attention, même en transpirant à grosses gouttes, il faut s'interdire de s'essuyer le front avec les gants ou les manches du tablier. L'inconfort ne dure que le temps de l'incorporation.

 

Gérer le stockage et la manipulation des gants

Les gants en nitrile épais utilisés pour la préparation de la bouillie et le nettoyage de l'appareil sont réutilisables. Ils doivent néanmoins être rincés avant retrait et correctement séchés. Ils peuvent être rangés dans le local phyto.

• Trop souvent, on peut voir les agriculteurs se déplacer avec les gants dans une main et le bidon dans l'autre. Cette pratique doit être abandonnée car même rincés, les gants peuvent être contaminants. L'idéal est d'enfiler les gants avant de prendre les bidons de produit.

• Même s'ils sont réutilisables, les gants épais doivent être changés régulièrement, surtout s'ils ont été en contact direct avec le produit pur. Il faut environ 8 heures pour que le produit traverse le gant et en contamine l'intérieur. On peut considérer qu'il faut en moyenne 10 à 15 paires de gants par an pour une exploitation d'une centaine d'hectares.

 

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Ranger les EPI hors de la cabine (photo de droite)

Une fois la préparation de la bouillie terminée, de nombreux agriculteurs ne prennent pas le temps de ranger correctement leurs EPI (photo de gauche) et se contentent de les poser sur le plancher du tracteur ou pire, au niveau du tableau de bord derrière le volant. Ainsi, ils respirent toute la journée des produits contaminants et perdent le bénéfice des filtres à charbon dans la cabine.

• Les pulvérisateurs disposent d'une trappe de rangement pour accueillir les EPI. C'est là qu'ils doivent être stockés en prenant soin de les empiler sans contaminer les parties intérieures qui seront en contact avec la peau de l'agriculteur.

 

Des gants jetables à portée de main

Pendant le traitement, des gants en nitrile jetables suffisent pour effectuer les interventions sur la rampe et au niveau du tableau d'incorporation.

• L'idéal est de disposer d'une boîte de gants jetables en cabine, près de la porte pour pouvoir les attraper depuis l'extérieur (voir la photo).

• Ces gants seront jetés dès la fin de l'intervention dans un sac prévu à cet effet et conservé en dehors de la cabine.

Attention, les gants en latex, qui ressemblent à ceux en nitrile mais n'en possèdent pas les propriétés chimiques ni la résistance ne doivent pas être employés pour la pulvérisation.

 

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Déboucher les buses avec les outils adaptés

Souffler dans une buse colmatée pour la déboucher (photo de gauche) est une pratique qui tend à disparaître mais qui est encore utilisée par des agriculteurs pressés. Il s'agit d'une pratique dangereuse qui provoque des lésions sur les lèvres et la peau fine du visage qui reçoivent les projections de produit.

• La solution pour déboucher les buses en toute sécurité est simple et peu coûteuse. Il suffit de se munir d'une petite brosse dure et d'une bouteille d'air comprimé (photo de droite) . L'ensemble coûte moins de 20 euros et peut être réutilisé de nombreuses fois. Pour ne pas être pris au dépourvu au champ, brosse et air comprimé seront stockés dans l'un des compartiments de rangement du pulvérisateur. Attention à ne pas utiliser une brosse trop rigide du type métallique, qui pourrait endommager la fente de la buse.

• Le port de gants à usage unique en nitrile est recommandé pour intervenir sur les buses.

 

Des clés pour ouvrir les bidons

La difficulté à ouvrir les bidons est l'excuse la plus fréquemment invoquée pour justifier l'absence de port de gants en nitrile épais. Au cours de notre test, nous avons en effet constaté qu'il était difficile d'ouvrir un bidon avec certains gants et quasiment impossible d'enlever l'opercule avec la plupart des modèles.

• Pour pallier ce problème, il existe des clés pour ouvrir les bidons et percer les opercules. Chaque clé coûte entre 10 et 15 euros et possède une durée de vie illimitée. Les deux solutions que nous avons testées fonctionnent parfaitement. La clé ouvre-bidon offre en plus un petit effet levier qui est appréciable sur les bouchons à fort serrage.

• Ces clés seront stockées sur le pulvérisateur, à proximité du bac d'incorporation.

 

Vérifier régulièrement l'état des filtres du masque

Les filtres qui équipent les masques respiratoires cessent d'être efficaces après plusieurs heures de contact avec les vapeurs de produits phyto. Il est indispensable de changer les cartouches (ou le masque dans le cas du modèle jetable Phyto 4255) dès que les odeurs extérieures sont perceptibles.

• Un test simple et rapide des cartouches est de vaporiser du parfum sur le filtre. Si l'opérateur perçoit l'odeur du parfum, il est temps de changer le filtre. Une paire de cartouches de rechange coûte autour de 40 euros.

 

Bien positionner le filtre à poussière

Les masques de protection respiratoire sont vendus avec les cartouches de protection chimique A2P3 à part. Ces cartouches ne suffisent pas, il faut leur adjoindre un filtre à poussière.

• Le filtre à poussière ressemble à une compresse en coton. Il se trouve souvent au fond du carton contenant le masque. Deux bagues de maintien en plastique sont fournies. Elles maintiennent le filtre à poussières en position sur les filtres chimiques.

• Le filtre à poussière se change dès qu'il est colmaté. Il se monte avec la partie comprenant les inscriptions placée contre la cartouche chimique.

 

Installer un filtre à charbon sur la cabine

La cabine est le premier rempart contre la contamination lors du traitement.

• La mise en place d'un filtre à charbon est la seule solution pour se protéger des vapeurs. Les filtres à charbon sont montés en lieu et place des filtres à poussière qui équipent la cabine en standard. Ils doivent être retirés et remplacés par les filtres classiques dès que le traitement est terminé.

• Il est important de renouveler les filtres dès qu'ils arrivent à saturation (odeurs perceptibles) car un filtre à charbon plein a tendance à relarguer les particules toxiques qu'il a emprisonnées. Non seulement le conducteur ne serait plus protégé contre le produit qu'il pulvérise mais serait en plus soumis à une contamination provenant des traitements précédents.

 

 

Ranger les filtres après chaque utilisation

Les filtres et le masque doivent être stockés séparément. Les filtres sont démontés et si possible rangés en dehors du local phyto et hors la présence éventuelle de vapeurs toxiques. En effet, même démontés les filtres continuent à travailler et leur durée de vie diminue rapidement.

• Le constructeur du masque et des filtres fournit généralement un petit sac étanche dans lequel l'agriculteur peut placer ses cartouches filtrantes à la fin du traitement.

 

Henri Etignard, Vincent Gobert, Corinne Le Gall et Pierre Peeters

(publié le 8 mai 2015)

 



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