Publié le mardi 19 juin 2012 - 17h41
En préambule des Assises de la Fédération française des industriels charcutiers, traiteurs, transformateurs de viandes (FICT) qu'il préside, Robert Volut a estimé mardi matin que le secteur de la charcuterie a connu une année 2011 difficile malgré une consommation qui résiste. « Nous transformons 70 % du porc en France, a-t-il complété. Quand notre industrie va mal, il peut y avoir des conséquences sur l'amont. »
En 2011, la consommation de charcuterie sur le marché domestique français augmente de 0,9 % en volume. « C'est moins que les 1,5 à 1,9 % que nous avons connu les années précédentes, remarque Robert Volut. Depuis le début de l'année, la hausse atteint 1,2 % en volume [et 3,6 % en valeur par rapport à la même période de l'année précédente, NDLR]. Globalement la charcuterie résiste mais avec des points de faiblesse sur des produits phares. »
Les salaisonniers s'estiment « pris en étau » entre des grandes surfaces qui ont refusé en 2011 d'augmenter leurs prix d'achat tandis que ceux des matières premières progressaient. « Nous subissons une hausse très forte du prix des pièces, assure-t-il. Ceux des abats ont explosé, et ceux des gras ont presque doublé. Cela s'explique par la forte demande chinoise, coréenne et japonaise qui aspire les productions européennes, brésiliennes et nord-américaines. »
L'étau s'est un peu desserré depuis la fin des négociations commerciales au début de 2012. « Mais nous sommes encore loin du compte, poursuit Robert Volut. Nos résultats financiers sont de 1,1 % en 2011, et surement moins en ce début d'année. Il y a une perte de valeur très préoccupante pour notre industrie. Ce n'est pas un strict problème de restructuration. La donne a changé, le prix des matières premières agricoles n'est plus seulement volatile. Il augmente. »
La FICT estime que les prix sortie d'usine auraient dû augmenter de 13 % en 2011 pour compenser la progression de ceux des matières premières employées et des autres charges. « Les distributeurs justifient leur position par la guerre des prix, rapporte Robert Volut. Mais les chiffres qui sortiront de l'Observatoire des prix et des marges en septembre prochain, montreront que la marge des rayons de la charcuterie des distributeurs sont largement supérieures aux nôtres. »
Les industriels aimeraient jouer la carte de l'exportation pour regarnir leurs trésoreries. « Mais il existe des barrières sanitaires, constate-t-il, la France n'étant pas la plus maline avec ce genre de contraintes. Les autorités de certains pays du sud ou du nord de l'Europe font preuve de davantage de dynamisme que les nôtres pour obtenir les certificats sanitaires. » Il reste que les marges des entreprises françaises ne leur permettraient pas toujours de financer à la fois leurs investissements dans les outils et dans la commercialisation à l'étranger, selon la FICT.
E.R.
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