Les négociations de libéralisation du commerce actuellement conduites par l'UE, notamment avec les pays de l'Amérique latine et le Maroc, pourraient avoir un « impact catastrophique » sur le secteur agricole européen, « faute d'actions urgentes », a estimé mercredi le Copa-Cogeca (syndicats agricoles et coopératives de l'UE) dans un communiqué.
Selon Padraig Walshe, président du Copa, qui s'exprimait avant un débat qui doit se tenir au Parlement européen cette semaine, la Commission est engagée « dans la négociation d'une série d'accords commerciaux bilatéraux susceptibles de miner gravement les revenus des producteurs européens ».
Les négociations de libéralisation du commerce qui se poursuivent avec le Mercosur « pourraient avoir un impact catastrophique sur le secteur agricole européen, notamment pour les producteurs de viande », a-t-il estimé.
Un accord de libéralisation du commerce avec le Maroc aurait quant à lui « un impact très négatif sur le secteur européen des fruits et légumes, notamment pour la production de tomates. Cette situation est inadmissible », a-t-il ajouté. Certains eurodéputés « ont mis en garde contre l'impact des importations de tomates à bas prix en provenance du Maroc sur les producteurs européens », a-t-il prévenu.
Par ailleurs, « il est absurde d'attendre des agriculteurs européens qu'ils puissent être compétitifs en l'absence de règles de la concurrence équitables », a-t-il regretté, faisant référence à la distorsion introduite par l'utilisation dans certains pays tiers de produits phytosanitaires interdits dans l'UE « depuis des années ».
Certains de ces pays « peuvent également utiliser des accélérateurs de croissance dans leur production de viande et bénéficier des aspects positifs de cultures génétiquement modifiées, ainsi que de la différence en termes de coût de la main-d’oeuvre », a rappelé le président du Copa.
Les agriculteurs européens sont aussi « préoccupés par les décisions visant à verdir encore davantage la Pac, ce qui aura pour effet une augmentation des coûts de production pour les agriculteurs », a indiqué M. Walshe. « Nous avons besoin d'une croissance verte et non pas de contraintes écologiques. Il est nécessaire de développer la recherche quant aux possibilités d'augmentation de la production tout en protégeant l'environnement », a-t-il martelé.
« Les mesures de gestion du marché doivent également être maintenues et améliorées, notamment dans un contexte de volatilité croissante du marché », a-t-il souligné.
Selon lui, l'Europe doit « relever le défi d'accroître la production pour être en mesure de répondre à la demande alimentaire mondiale croissante ». Par conséquent, il ne serait « pas opportun de réduire la production ».
Concernant la dimension du budget communautaire après 2013, M. Walshe avance que l'Europe ne pourra pas avoir « une production suffisante en l'absence d'un budget approprié ».