Face aux «risques que fait courir la banalisation actuelle des politiques agricoles pour l'avenir de l'humanité», le mouvement pour une organisation mondiale de l'agriculture (Momagri), présidé par Pierre Pagesse, a présenté le 2 juillet son projet de «politique agricole et alimentaire mondiale».
Parmi dix propositions, il s'agirait tout d'abord de «considérer l'agriculture et l'alimentation comme des biens publics mondiaux», en raison de leur caractère stratégique, de leurs liens avec l'environnement, la santé, la lutte contre la pauvreté.
Pour la régulation des marchés, le Momagri soutient l'idée de «prix d'équilibre par produit agricole et par grande zone économique homogène». Fixé chaque année, il correspondrait à «un niveau de rémunération équitable».
«Une plage de variation libre de toute régulation sera définie autour de ces prix d'équilibre par négociation internationale. Au-delà de cette plage, un processus de négociation obligatoire sera engagé. S'il échouait, tout Etat pourrait décider d'appliquer une clause de sauvegarde», précise l'organisation.
«Un des moyens d'action prioritaire de la communauté internationale, en cas de dérapage des marchés, sera d'utiliser des stocks d'intervention publics», poursuit-elle.
«Les échanges entre zones économiques se feront en appliquant des prélèvements ou restitutions entre zones lorsque les prix de marché se situeront en dehors de la plage de variation libre des prix.»
L'application de ces principes, confiée à une «OMA (Organisation mondiale de l'agriculture)», conduira à une réduction des subventions à l'exportation et des aides internes «beaucoup plus sûrement que des négociations à l'OMC (Organisation mondiale du commerce) car les risques de dérapage des marchés seront limités», argumente le Momagri.
«Un Conseil permanent, le Conseil de sécurité alimentaire mondial, regroupant une vingtaine d'Etats représentant les cinq continents prendra les décisions de régulation. Ses membres changeront par roulement. Une Assemblée générale donnera chaque année les grandes orientations», propose-t-il également.
Cette régulation des marchés devra aussi «favoriser l'investissement vers les pays les plus pauvres».