Désireux de mieux informer les consommateurs et lutter contre l'obésité croissante des Européens, Bruxelles veut rendre obligatoire l'étiquetage nutritionnel des denrées alimentaires.
L'objectif affiché mercredi par le commissaire européen à la Santé, Markos Kyprianou, est de «donner au consommateur européen les moyens de faire le choix d'une alimentation équilibrée», en précisant les informations essentielles «de façon claire et lisible» sur les étiquettes.
Plus de la moitié de la population adulte et un quart des écoliers de l'UE souffrent de surcharge pondérale ou d'obésité.
La proposition de la Commission prévoit d'apposer à l'avant des paquets d'aliments et de boissons une étiquette détaillant la valeur énergétique, les teneurs en glucides, sucre, lipides, acides gras saturés et sel.
Ils seront indiqués en valeur absolue, pour cent grammes ou cent millilitres de produit, voire pour une portion, mais la présentation sera choisie librement, selon ce nouveau texte appelé à remplacer et simplifier les législations existantes.
Une mention séparée sur l'apport nutritionnel journalier recommandé deviendra également obligatoire.
La Commission s'est aussi attaquée aux «alcopops», ces boissons alcoolisées et sucrées très en vogue chez les jeunes, qui devront être dûment étiquetées.
Les produits frais non traités, comme les fruits et légumes, n'auront pas besoin d'être étiquetés, tout comme certains produits emballés en dessous d'une certaine taille comme des bonbons.
Concernant l'étiquetage général des ingrédients d'un aliment – déjà assujetti à un certain nombre d'obligations – les caractères d'imprimerie devront à l'avenir satisfaire à une taille minimale réglementaire (3 mm de hauteur). Nombre de consommateurs se plaignent en effet du manque de lisibilité des étiquettes.
Pour des raisons de santé publique, l'obligation actuelle d'étiquetage des allergènes sera en outre étendue aux denrées alimentaires non emballées, vendues dans les magasins, mais aussi les restaurants et les cantines.
Toutes ces obligations nouvelles n'empêcheront toutefois pas les Etats membres qui le souhaitent d'inscrire d'autres éléments sur le paquet. «Une simplification ne signifie pas un abaissement des normes pour les consommateurs», a stipulé le commissaire européen.
Une fois le règlement adopté, la Commission entend donner trois ans à l'industrie agroalimentaire pour s'adapter (cinq ans aux petites entreprises de moins de 10 employés).
Le vin, la bière et les spiritueux ont été exclus du projet de réglement. La Confédération européenne des vignerons indépendants (Cevi) s'est «félicitée» de cette décision. L'obligation de mentionner la liste des ingrédients et la valeur énergétique «n’auraient en aucun cas renseigné le consommateur sur la qualité et l’origine du produit. Le métier même de vigneron indépendant offre la garantie de l’origine, de la traçabilité et de la qualité du produit», a-t-elle affirmé.
Un rapport décidera, dans cinq ans, de conserver ou non ces dérogations. «Les consommateurs ont également besoin d'avoir accès à des informations sur les boissons alcoolisées», a souligné Markos Kyprianou, en notant que la question nécessitait toutefois «davantage de travail».