C’est une matinée décontractée que le président de la République a passée mardi à Buno-Bonnevaux dans l’Essonne, chez Samuel Herblot, jeune agriculteur installé sur l’exploitation céréalière familiale de 180 ha.
Après une courte visite d’exploitation, Nicolas Sarkozy a invité les responsables professionnels à débattre de l’avenir de leur secteur. Le chef de l’Etat a proposé une discussion « libre » plutôt qu’une succession de discours. « On se connaît bien », a-t-il justifié, appelant par leurs prénoms les syndicalistes autour de la table.
Pourtant, le message était ferme : « Je ne reculerai pas sur le bilan de santé de la Pac (BSP). C’est mon devoir, même si je sais qu’il est arrivé au plus mauvais moment pour vous (ndlr : dans un contexte de baisse des cours), a souligné Nicolas Sarkozy. Je préfère être honnête, si on revient sur le BSP, on va perdre des alliés en Europe. Il faut trouver d’autres moyens de compenser la baisse des aides ».
S’il reconnaît la nécessité du rééquilibrage des aides vers les éleveurs, Damien Greffin, le président des Jeunes Agriculteurs d’Ile-de-France rappelle que « les céréaliers ont leur part de difficultés ». Dans sa région, le BSP ampute de 100 €/ha en moyenne le montant de leurs aides Pac.
Malgré la fermeté du chef de l’Etat sur un point dont les céréaliers d’Ile-de-France ont fait leur cheval de bataille depuis plus d’un an, les syndicalistes estiment que la seule présence de Nicolas Sarkozy montre qu’il a pris conscience de leur situation. Tout au long de cette heure et demie d’échange, le président de la République n’a d’ailleurs eu de cesse de montrer son attachement à l’agriculture. « Tout ça m’intéresse, je veux m’impliquer ». « Vous avez vu dans quel niveau de détails je rentre »...
Les céréaliers, qui attendaient de cette entrevue des mesures concrètes et immédiates, ont eu pour toute réponse un calendrier :
En mai : des mesures fiscales et un accord de modération des marges
Alors que la loi de modernisation de l’agriculture (LMA) doit être étudiée en première lecture au Sénat le mois prochain, Nicolas Sarkozy s’est dit prêt à intégrer un certain nombre de propositions des céréaliers et particulièrement un nouveau dispositif de lissage des bénéfices. « La réponse fiscale est compatible avec l’idée qu’on se fait d’un agriculteur-entrepreneur », a souligné le chef de l’Etat.
Il estime également qu’un accord de modération des marges avec la grande distribution peut permettre de rééquilibrer la baisse des cours du côté des producteurs sans impacter le prix au consommateur. Si agriculteurs et grande distribution ne signent pas d’accord en mai, le président de la République s’est engagé à instaurer une taxe additionnelle sur les surfaces commerciales.
En octobre : convaincre de la nécessité d’une régulation des marchés
En octobre, la France présidera alors le G20 et le G8. A cette occasion, Nicolas Sarkozy a invité Bruno Le Maire à organiser un sommet des ministres de l’Agriculture sur la question de la régulation des prix des denrées au niveau mondial. « La course vers le bas ne peut conduire qu’à la catastrophe », a-t-il justifié.
En décembre : un bilan du bilan de santé de la Pac
Bruno Le Maire doit mettre en place le 14 avril un comité de suivi des céréales qui prendra des « décisions conjoncturelles à la fin de la campagne » (ndlr : si les cours restent bas uniquement). D’ici là, le comité doit se réunir à plusieurs reprises pour définir notamment les indicateurs qui permettront d’évaluer la santé du secteur des céréales en fin d’année. « J’attends le bilan exact pour voir qu’elles sont réellement les conséquences », a insisté Nicolas Sarkozy.
« Entre les mesures fiscales, le partage de la valeur ajoutée et ma détermination à défendre la régulation, j’ai fait preuve d’ouverture », a estimé Nicolas Sarkozy.
Visionnez les interviews de Damien Greffin, président des JA d'Ile-de-France, et de Samuel Herblot, agriculteur dans l'Essonne, après la visite de Nicolas Sarkozy sur l'exploitation de ce dernier, le 6 avril 2010.
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mercredi 07 avril 2010 - 10h44
La montagne accouche encore une fois d'une souris. Au moins ça aura fait une gentille promenade, chez de gentils agriculteurs à notre président!