Faux départ pour les exportations françaises de blé. Alors que l'Office national interprofessionnel des grandes cultures (OniGC) espérait il y a un mois voir la céréale tricolore retrouver sa place au sein des échanges mondiaux, le regain attendu de compétitivité a fait long feu.
«La baisse des cours européens avait permis un rapprochement avec les cours mondiaux, mais le différentiel s'est de nouveau accru pour atteindre une trentaine d'euros, constatait Bruno Hot, le directeur de l'OniGC, à l'issue du comité spécialisé du 14 novembre. Il faudrait être plus près du niveau mondial pour atteindre les objectifs nationaux d'exportation vers les pays tiers fixés à 4,8 millions de tonnes (Mt).»
Même si la disponibilité réduite rend l'enjeu de l'exportation moins important que certaines années, «ces exportations sont nécessaires pour équilibrer le bilan, souligne-t-on néanmoins à l'office. Si l'on finit à 3,5 ou 4 Mt, cela aura un impact sur le bilan et donc sur les prix».
Avec seulement 1,7 Mt de blé engagé actuellement hors des frontières communautaires, la France est loin des chiffres de l'an passé à la même époque. Pour revenir dans la course, compte tenu du fléchissement des prix américains, l'OniGC estime qu'il faudra consentir un recul supplémentaire des tarifs européens car «un alourdissement final du bilan ferait peser un risque de chute beaucoup plus importante des cours, a averti Bruno Hot. Il va falloir être compétitif sur la deuxième moitié de campagne».
Dans les prochaines semaines, les acheteurs reviendront au marché. La disponibilité américaine devrait alors être beaucoup plus faible, tout comme les capacités d'exportation de la mer Noire. L'attention va désormais se porter sur les premières estimations pour la prochaine récolte. Si l'hiver se passe sans encombre sur les plaines russes et ukrainiennes, ces deux pays pourraient être tentés de continuer d'approvisionner le marché mondial en tapant dans les stocks. Au moindre accident climatique, au contraire, l'Europe verrait l'horizon se dégager vers ses clients habituels que sont le Maghreb, l'Egypte et l'Afrique noire. Et il faudra aussi compter avec l'Argentine, bien tenté de venir, plus qu'à l'accoutumée, jouer les trouble-fête sur ces marchés.
L'orge européenne n'est pas confrontée aux même difficultés que le blé. La discrétion de l'Ukraine, gros fournisseur mondial, entraîne des reports sur l'origine communautaire, notamment au départ de la France et de l'Espagne. Les certificats d'exportation émis dans l'Union européenne atteignent 2,2 Mt, contre 0,9 Mt à la même date l'an passé, et 1,5 Mt en 2005. A l'échelle française, les expéditions intra-européennes sont annoncées en baisse, mais en nette hausse vers les pays tiers. Les fabricants d'aliments français devraient quant à eux réduire leur utilisation d'orge, au profit du maïs.