La forte présence des pays du Maghreb aux achats au début de l'année et les aléas climatiques qui affectent l'Australie suscitent des tensions sur le marché du blé. Les inquiétudes sur les volumes disponibles trouvent de plus en plus d'écho. Dans ce contexte, c'est un message de temporisation que les responsables de FranceAgriMer ont exprimé, mercredi, à l'issue du conseil spécialisé des céréales.
« On a un marché qui fonctionne. Les fondamentaux font que les prix sont plutôt à la hausse. Mais il y a suffisamment de marchandises pour alimenter le marché », a déclaré Rémi Haquin, président du conseil spécialisé. Selon lui, les inquiétudes des acheteurs portent surtout sur les difficultés à répercuter les hausses de prix sur leurs clients, industriels ou grande distribution.
Pour FranceAgriMer, les utilisateurs français, meuniers et fabricants d'aliments du bétail, ont intérêt à couvrir dès maintenant leurs besoins sur la deuxième partie de la campagne car les « derniers acheteurs paieront vraisemblablement les prix les plus élevés ».
« Ce n'est parce que nous prévoyons un stock faible au 30 juin qu'il n'y a plus rien à vendre aujourd'hui », a renchéri Xavier Rousselin, chef de l'unité des grandes cultures. Une part de 57 % des volumes de blé sur le marché français était encore détenue dans les silos des collecteurs, à la fin du mois de novembre. Ce qui n'exclut pas qu'une partie pouvait déjà avoir été vendue.
Les exportations vers les pays tiers en 2010-2011 sont revues en hausse de 200.000 tonnes par rapport au mois dernier, à 11,8 Mt. Les stocks français de blé en fin de campagne sont ainsi révisés à la baisse, à moins de 2 Mt, contre plus de 2,1 Mt prévu en décembre. Il s'agirait d'un faible niveau, mais en 2003-2004 les stocks étaient descendus à près de 1,7 Mt.
Les stocks de maïs et d'orge sont pour l'instant prévus à des niveaux plus « confortables », selon Rémi Haquin. Pour les fabricants d'aliments du bétail, il y aurait donc des possibilités de substitution entre les différentes céréales.
Quant aux importations de blé fourrager en France, elles sont prévues à un niveau élevé de 700.000 tonnes. Ce serait toutefois un volume inférieur à ce qui était escompté en début de campagne.
Sur le marché international du blé, FranceAgriMer prévoit que les Etats-Unis qui détiennent encore de fortes disponibilités à l'exportation devraient « progressivement prendre le relais de l'UE au cours de la deuxième partie de campagne pour répondre aux besoins de l'Afrique et du Moyen-Orient ».
Avec une bonne récolte de 14,5 Mt, l'Argentine pourrait exporter « au-delà de sa zone de chalandise habituelle, notamment vers les pays de la Méditerranée, et a déjà vendu des volumes à l'Egypte », explique Xavier Rousselin.
En ce qui concerne l'Australie, les préoccupations sont surtout d'ordre qualitatif. Le pays pourrait approvisionner les pays de l'Asie du Sud-Est qui sont d'importants acheteurs de maïs.