La station d'épuration Seine aval, située à Achères dans les Yvelines, traite les eaux usées de 80% des Franciliens, soit 6 millions d'habitants. Avec ses 140.000 tonnes de boues brutes produites par an, il s'agit de la plus grande usine d'épuration en Europe (70% des boues sont épandues). Actuellement, son plan d'épandage s'étend sur onze départements. Dans la région Centre, l'Eure-et-Loir et le Loiret sont concernés.
Depuis deux ans, le Siaap (Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne), qui gère la station d'Achères, a décidé d'étendre le périmètre d'épandage à deux nouveaux départements du Centre: le Loir-et-Cher et le Cher. «Nos volumes de boues ont augmenté de 50% depuis 2004 car les directives européennes nous obligent dorénavant à traiter les eaux de pluie et à récupérer davantage le phosphore et l'azote des eaux usées», explique Marie Schildt du Siaap. A noter aussi que les boues d'Achères sont très riches en phosphore: le Siaap a dû baisser les doses par hectare et donc rechercher de nouvelles surfaces. Dans le Loir-et-Cher et le Cher, le plan d'épandage concerne 23.500 t sur 8.600 ha.
Lors des enquêtes publiques de l'automne dernier, les municipalités concernées ont formulé des avis défavorables. Certaines craignent la concurrence avec les boues de leur station. «Nous avons déjà des difficultés à nous débarrasser de nos propres boues, alors je ne sais pas ce que Paris vient faire chez nous», a déclaré Yves Fromion, député-maire d'Aubigny-sur-Nère, à nos confrères de La Nouvelle République du Centre-Ouest. D'autres invoquent le principe de précaution vis-à-vis des métaux lourds et des éléments traces. C'est le cas aussi du syndicat des bailleurs de baux ruraux.
Les deux préfectures sont sur le point de se prononcer sur les demandes d'autorisation. La décision du préfet du Loir-et-Cher fait peu de mystère puisque le commissaire-enquêteur a donné un avis favorable. Le Cher est plus incertain car cet avis était défavorable.
Quant aux agriculteurs candidats pour l'épandage de boues sur leurs terres, ils regrettent d'être systématiquement perçus comme des pollueurs, alors qu'ils offrent aux villes le mode de traitement des effluents le plus économique et écologique (par comparaison avec l'enfouissement technique et l'incinération). De son côté, la profession agricole (syndicats, chambres d'agriculture) ne voit pas d'objection à cet épandage dans la mesure où il respecte la réglementation. En revanche, elle demande que le «fonds de garantie des boues» prévu par la loi sur l'eau du 30 décembre 2006 soit effectivement mis en place au niveau national.
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Des boues très contrôlées Les boues d'Achères sont analysées chaque semaine. Les lots non conformes à la réglementation sont envoyés en centres d'enfouissement technique. Cette non-conformité est le plus souvent due à une teneur trop élevée en composés traces organiques (7 PCB notamment). En revanche, la teneur en métaux lourds se situe dans les limites autorisées. Par ailleurs, les boues d'Achères présentent une forte concentration en phosphore (l'équivalent de 540 unités/ha à la dose de 11 t/ha) et une valeur azotée non négligeable (100 unités/ha), qui en font un fertilisant organique intéressant. |
