Alors que le marché des céréales est en chute libre depuis l'effondrement des marchés boursiers, le conseil spécialisé en céréales de l'OniGC (Office national interprofessionnel des grandes cultures) qui s'est tenu mercredi a évalué l'ampleur de la baisse et sa relation avec la crise actuelle de la finance.
La chute du cours des céréales est vertigineuse. Dressés sur un piédestal au-delà de 180 €/t pendant plus d'un an et demi, les cours du blé se sont effondrés pour passer en dessous de la ligne support de 155 €/t le mercredi 8 octobre 2008 sur Euronext échéance novembre.
La situation est encore plus critique en maïs. Sur ce marché, la baisse des cours dans les pays de l'est de l'Union européenne (UE) impacte directement le prix des céréales françaises, à commencer par les cotations au départ du Rhin et de la Moselle, qui sont relativement plus en concurrence avec ces origines que les ports de la façade atlantique ou méditerranéenne.
«Au départ des plates-formes hongroises, le prix du maïs est désormais compris entre 95 et 100 €/t, ce qui signifie qu'au départ des fermes, le prix est encore plus bas», pouvait-on entendre le mercredi 8 octobre 2008 à l'issue du conseil spécialisé en céréales de l'OniGC.
«Nous ne serions pas étonnés, au 1er novembre 2008, d'apprendre que les 700.000 tonnes de quotas à l'intervention fixés par l'Union européenne aient déjà été utilisés au sein de ce pays», a expliqué Rémi Haquin, président de l'Office. «Malgré des prix bas, les Hongrois ont du mal à exporter en raison du faible niveau des eaux sur le Danube, qui renchérit les coûts du fret», a ajouté Patrice Germain, directeur général adjoint de l'OniGC.
Les experts avaient pourtant prédit un bon maintien des cours: «Les prix devraient être durablement élevés pendant les dix prochaines années», annonçaient de concert l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) dans leurs «Perspectives agricoles» parues le 29 mai 2008. Mais c'était sans compter la crise financière qui a pris une ampleur inattendue.
«Avant que l'Etat américain vole au secours de l'assureur AIG, les caisses ont été renflouées à partir de fonds indexés sur les matières premières», a précisé Rémi Haquin. Xavier Rousselin, chef du bureau du marché des céréales à l'Office, a poursuivi en affirmant que «pour le moment, les fondamentaux sont mis de côté. Dans la tempête, les gens cherchent de la trésorerie et liquident des positions longues sur les marchés agricoles».
Dans cette situation, les prix moyens payés aux producteurs pour la récolte de 2008 risquent d'être de 50 € moins élevés que ceux payés l'an passé. «Les marges brutes sont tout juste positives cette année. Si les prix de vente n'augmentent pas en 2009, elles ne passeront plus du tout compte tenu de la hausse des intrants», a argumenté le président de l'Office.