« La moitié de la production française de blé est destinée à l'exportation. Il faut maintenir des volumes importants pour être un grand pays exportateur », a insisté Jean-Pierre Langlois Berthelot, président de France Export Céréales (FEC), en introduisant jeudi la conférence sur la compétitivité future des blés français à l'exportation, organisée par FEC.
Andrée Defois, présidente de Tallage (cabinet d'études agro-économiques spécialisé dans les marchés des grains), a estimé que « la production de blé tendre dans l'Union européenne est attendue en hausse modérée de 5 millions de tonnes seulement entre 2011 et 2016 ». Cette augmentation de production sera située dans l'est de l'UE. De plus, Andrée Defois estime que la progression des surfaces sera limitée par les besoins en oléagineux. L'affaissement du taux de croissance annuelle des rendements sera plus marqué en France que pour la moyenne de l'UE.
Concernant les biocarburants, Tallage estime que les utilisations de blé dans l'UE à 27 pour la production de bioéthanol pourraient doubler dans les cinq ans. Cela nécessitera la construction de nouvelles capacités à partir de 2016. Tallage émet l'hypothèse que ces augmentations auront lieu plutôt dans le nord et le centre-est de l'UE et qu'en conséquence, la production de bioéthanol n'augmentera que faiblement en France.
Selon les perspectives de Tallage, l'UE devrait exporter dans cinq ans entre 1 et 2 Mt de blé tendre de plus qu'en 2011-12. Cela la conduirait donc à exporter entre 15 et 16 Mt de blé.
Au niveau mondial, Tallage table sur une demande mondiale en hausse de 7 % entre 2011-12 et 2016-17 et des échanges mondiaux en progression de 3 %. La part de la mer Noire dans les échanges mondiaux devrait fortement augmenter dans les cinq ans en passant de 21 % à 29 % en raison d'une progression de sa production. A contrario, la part des exportations de l'UE, de l'Australie et des Etats-Unis devrait s'affaisser.
Il faut s'attendre a une chute de nos ventes de blé tendre vers les autres pays membres de l'UE à la suite de la progression de la production du Sud-Est européen. D'où la nécessité pour la France de maintenir ses exportations vers les pays tiers à hauteur de 10 Mt.
L'étude réalisée par Tallage porte également sur la destination des blés tendres français. On s'aperçoit que 90 % des exportations se font vers l'Afrique et 70 à 75 % vers le bassin méditerranéen. Il faut distinguer les destinations où la France est bien positionnée (Algérie, Maroc et Sénégal) des destinations où elle n'est pas toujours bien positionnée (c'est le cas de l'Egypte).
Andrée Defois, explique que pour les cinq prochaines années, même si la France n'a pas besoin d'augmenter ses débouchés vers les pays tiers, elle doit cependant assurer le volume actuel de ses exportations (10 Mt). Or, ce volume sera mis en péril si les blés de la mer Noire pénètrent plus massivement qu'aujourd'hui sur le marché du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest.