Plus de 190 pays sont réunis lundi à Doha pour le grand rendez-vous climat annuel qui devra décider de l'avenir du protocole de Kyoto et esquisser les bases d'un vaste accord prévu en 2015, auquel participeraient cette fois-ci tous les grands pollueurs de la planète.
Concentration record de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère, risque d'un réchauffement de 4°C d'ici à 2060... Les signaux d'alerte et les appels urgents se sont multipliés à la veille de la conférence de l'ONU organisée par le Qatar, champion du monde des émissions de GES par habitant.
« Nous avons de moins en moins de temps » pour parvenir à contenir le réchauffement à 2°C, a déclaré à la presse la responsable de l'ONU pour le climat, Christiana Figueres.
« La fenêtre d'opportunité se ferme rapidement parce que le rythme et l'ampleur des actions » engagées pour réduire les GES « ne sont simplement pas au niveau où ils devraient être », a-t-elle averti.
Le thermomètre de la planète se dirige actuellement vers une hausse de 3 à 5°C au cours du siècle, et non 2°C, l'objectif de la communauté internationale et seuil au-delà duquel le système climatique risquerait de s'emballer.
La signature d'une seconde période d'engagement de Kyoto, après l'expiration de la première à la fin de 2012, est l'un des grands dossiers attendus à Doha, même si sa portée sera essentiellement symbolique.
Son principe a été acté à Durban (Afrique du Sud) à la fin de 2011, et il faut désormais s'entendre sur la durée de Kyoto 2, ses objectifs de réduction de GES...
Vers un accord universel
Mais Kyoto 2 ne devrait plus porter que sur 15 % des émissions de GES globales, celles de l'Union européenne et l'Australie, puisque le Canada, la Russie et le Japon ne veulent plus participer et que les Etats-Unis n'ont jamais ratifié le traité.
Les pays en développement tiennent néanmoins au prolongement du seul texte contraignant qui engage les pays industrialisés à réduire leurs GES, au nom de leur « responsabilité historique » dans le réchauffement.
« Le protocole de Kyoto [...] est notre seule assurance que des mesures seront prises », ont déclaré l'Alliance des petits Etats insulaires et les pays les moins avancées dans un communiqué. « Mais pour l'heure, les engagements pris sont loin de répondre aux impératifs », poursuivent-ils.
L'UE entend réduire ses émissions de GES de 20 % d'ici à 2020 par rapport à 1990.
« Nous sommes toujours prêts à accroître cet objectif à 30 % si les grandes économies font un effort », a déclaré à la presse le négociateur en chef de l'UE, Artur Runge-Metzger.
Mais son collègue américain Jonathan Pershing a laissé entendre que son pays ne reverrait pas à la hausse dans l'immédiat son objectif de réduction de 17 % par rapport 2005.
Parallèlement, les 190 pays présents à Doha devront commencer à « marcher vers un accord universel, qui doit être adopté en 2015 », a précisé Mme Figueres.
Devant entrer en vigueur en 2020, pour prendre le relais de Kyoto 2, il engagerait cette fois-ci tous les pays, dont la Chine, premier pollueur mondial.
« Ce nouvel accord doit être construit pour le monde de 2020 et au-delà, et non celui de 1997 (signature du protocole de Kyoto), un monde avec de nouveaux acteurs décisifs sur la scène climatique globale », a souligné M. Pershing.
Les Etats-Unis insistent pour que la Chine soit tenue à des engagements équivalents à ceux des pays industrialisés.
La question de l'aide aux pays les plus vulnérables devrait également occuper une partie des débats.
A Copenhague, en 2009, la communauté internationale a décidé de débloquer 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020, gérés par un Fonds vert, ainsi qu'une aide d'urgente de 30 milliards de dollars entre 2010 et 2012.
« Dans un mois, l'aide urgente se termine et le Fonds vert est toujours vide », s'inquiète l'ONG Oxfam.
La conférence doit se poursuivre jusqu'au 7 décembre 2012. Le 4, les négociateurs seront rejoints par plus de 100 ministres pour conclure un accord, nouvelle étape dans le laborieux processus de négociations lancé en 1995.