A la suite de l'arrêt des contrats avec l'industrie papetière, des producteurs de chanvre de la Touraine créent une filière avec les entreprises du bâtiment.
Jusqu'en 2007, quelque 400 agriculteurs des Pays de la Loire et du Centre cultivaient du chanvre. En 2008: rien. En effet, PDM Industrie, leur client papetier, a préféré arrêter son usine du Mans dans la Sarthe. Celle-ci nécessitait des investissements de modernisation dans un contexte de morosité du marché du papier fin.
En Touraine, quelque 150 ha de contrats ont ainsi été perdus. A la suite de cette déconvenue, quinze producteurs ont décidé de chercher des débouchés en circuit court, sur lesquels ils auraient davantage de maîtrise.
En plus du paillage, ils se sont intéressés à un créneau très porteur: l'éco-construction. Et se sont donc associés avec des artisans maçons pour créer il y a un an, l'Association pour la valorisation et la promotion du chanvre ligérien qui compte aujourd'hui une trentaine de membres.
«Nous souhaitons développer un atelier pilote de défibrage de chanvre, de taille semi-industrielle (25 producteurs, 250 hectares)», explique Christophe Chartin, président de l'association, maçon lui-même et négociant en matériaux d'éco-construction. Le défibrage permet de séparer la fibre (30% de la matière sèche) de la chènevotte (60%) qui présente des propriétés isolantes intéressantes. «La chènevotte sera transformée en briques de chanvre faciles à poser par les maçons sans formation spécifique», poursuit-il.
Cette brique qui porte le nom de Chanvribloc est déjà commercialisée en Isère avec succès. Les 90.000 € du projet seront presque intégralement pris en charge par la Région d'une part (50% de subvention) et le pays du Chinonais de l'autre (42%).
La communauté de communes du pays d'Azay-le-Rideau croit aussi à ce nouveau matériau puisque, à titre expérimental, elle l'a utilisé pour isoler phoniquement sa salle de réunion.
Incertitude économique La Commission européenne envisage de stopper l'aide couplée de 90 €/t de fibre (170 €/ha) accordée jusqu'ici à la production de chanvre. Si cette décision était confirmée, elle remettrait en cause cette culture qui peine déjà à rivaliser en marge brute avec le colza notamment. En effet, lorsque ce dernier est payé 450 €/t, il faudrait que la fibre de chanvre soit rémunérée 150 €/t pour maintenir une rentabilité équivalente. Or aujourd'hui, le marché de la fibre ne dépasse guère les 110 €/t. |