La vente de produits agricoles en circuits courts a su séduire un agriculteur sur cinq en 2010, rapporte la publication Agreste Primeur n° 275 du service de la statistique et de la prospective (SSP) du ministère de l'Agriculture, d'après des données tirées du recensement agricole de 2010.
Selon les chiffres officiels, en 2010, 21 % des exploitants vendaient leurs productions, ou du moins une part, en circuits courts, la palme revenant aux producteurs de légumes ou de miel, aux agriculteurs du Sud-Est et d'Outre-Mer, exerçant leur métier sur des exploitations généralement plus petites et plus gourmandes en main-d’œuvre, résume ainsi la note Primeur du ministère.
Ainsi, ce sont 107.000 exploitants agricoles qui ont choisi en 2010 de « privilégier la proximité avec le consommateur » en favorisant les circuits courts, type de commercialisation qui limite le nombre d'intermédiaires entre le producteur et le consommateur, rappelle la note.
Miel, légumes et fruits, productions vedettes des circuits courts
Les producteurs de miel ou de légumes empruntent plus fréquemment les circuits courts. La moitié d'entre eux ont choisi ce type de distribution en 2010 pour écouler tout ou partie de leur production.
Chez les producteurs de légumes écoulant leurs produits en circuits courts, on trouve autant de maraîchers que d'exploitants spécialisés en grandes cultures ou en polyculture-élevage.
Un quart des producteurs de fruits vendent via un circuit court, parmi lesquels la moitié sont des arboriculteurs spécialisés, et 20 % exercent sur des exploitations mixtes.
Par ailleurs, près de 20.000 viticulteurs, pour l'essentiel spécialisés, vendent du vin de cette manière.
Les produits animaux, plus contraignants en termes de transformation et de conservation, sont plus rarement commercialisés en circuits courts. Les produits laitiers le sont pour 34 % par des éleveurs de vaches laitières et pour 44 % par des éleveurs d'ovins ou de caprins.
Pour la France métropolitaine, c'est dans le Sud-Est, particulièrement en Corse (deux tiers des agriculteurs insulaires), que ce type de commercialisation traditionnelle est le plus ancré, annonce le ministère.
Un tiers des agriculteurs de la Provence-Alpes-Côte d'Azur a choisi ce type de vente. Paradoxalement peu présents dans les circuits courts de distribution de fruits, avec pourtant le plus grand nombre d'exploitations fruitières, ils se démarquent plutôt sur les produits issus de l'élevage, remarque la note Agreste Primeur. Une tendance que l'on va retrouver dans d'autres régions fruitières traditionnelles (Rhônes-Alpes, Languedoc-Roussillon).
Moindre fréquence dans les régions productrices
C'est « dans les régions où beaucoup d'exploitants sont présents sur un produit [que les agriculteurs sont souvent regroupés dans des structures collectives, organisations de producteurs ou coopératives, remarque le ministère. Ces dernières assurent traditionnellement une commercialisation en filière longue ».
A l'inverse, l'Île-de-France et le Nord-Pas-de-Calais vont orienter leurs productions fruitières et de maraîchage vers les circuits courts. Par exemple, près des deux tiers des exploitants franciliens produisant des fruits et/ou des légumes les vendent en circuits courts, profitant d'un bassin de consommation important, explique la note.
Le même phénomène explique que les Régions Aquitaine et Midi-Pyrénées, « qui concentrent respectivement 14 et 15 % des exploitations avec des volailles, vendent trois ou quatre fois moins en circuits courts que la Région Provence qui compte quinze fois moins de producteurs », précise le ministère.
La Bretagne, de manière générale, semble moins disposée aux circuits courts. Car les agriculteurs bretons, plutôt sur des exploitations spécialisées et « très souvent organisés en filières, empruntent plutôt les circuits longs » : 18 % des producteurs de légumes et 2 % des exploitants laitiers commercialisent en circuits courts.
Si les exploitations en circuits courts sont en général plus petites en termes de SAU, on trouve les exceptions en viticulture et chez les producteurs de volailles et d'œufs.
De manière générale les exploitants qui se lancent dans les circuits courts sont en moyenne plus jeunes que ceux commercialisant leur production en circuits longs, plutôt installés en bio, en cours de conversion, ou sur un mode de production (non labellisé) s'en rapprochant.
Le résultat de la vente de produits en circuits courts, selon les types de production concernés, prend une part conséquente ou non du chiffre d'affaires total de l'exploitation, laquelle, souvent plus diversifiée, demande une main-d'œuvre plus importante que celle nécessaire sur des exploitations commercialisant leurs productions via les circuits longs.