Souvent montré du doigt comme un problème pour le climat, l'élevage est au contraire une solution. C'est dans ce sens que la filière a prévu d'engager une campagne de communication auprès du grand public, dont les éleveurs seront les messagers, a-t-on appris à la clôture des conférences « L'élevage de ruminants, acteur des solutions pour le climat » qui se déroulaient mardi et mercredi à Paris.
Venu conclure la journée, le ministre de l'Agriculture a réaffirmé que le modèle de la polyculture-élevage est le mieux à même de relever les différents défis de la fertilité des sols (par la reconquête de la matière organique) et de la production, et de l'atténuation du changement climatique. La solution réside dans « l'utilisation plus forte et plus puissante de la photosynthèse », qui se traduit notamment par la couverture des sols et le développement des légumineuses.
« L'agriculture peut s'adresser à la société en disant : votre carbone nous intéresse »
« L'agriculture peut s'adresser à la société en disant : votre carbone nous intéresse, car l'enjeu de la reconquête de la qualité des sols par le stockage de carbone est colossal, a martelé Stéphane Le Foll. C'est l'objectif du programme 4 pour 1.000. » Ce sujet fera également l'objet d'une proposition de la France à la COP 21 en décembre, a-t-il indiqué. La méthodologie est en cours de construction et une carte des puits de carbone potentiels sera élaborée.
Du côté des professionnels, « ce n'est pas parce qu'on est éleveurs qu'on est en marge : en tant que citoyens on est interpellé par la question du changement climatique, et en tant qu'éleveurs on en voit déjà les conséquences, a témoigné Bruno Dufayet, éleveur de bovins à viande et représentant de la FNB (Fédération nationale bovine). Mais on a besoin de politiques d'accompagnement, et surtout de cohérence. »
Du côté des leviers, la profession penche pour l'approche la plus économique possible, et vante notamment les mérites de l'intensification soulignés par certains scientifiques : réduire le nombre d'animaux improductifs et avoir des animaux plus efficients permettrait d'alléger l'empreinte carbone de la production.
Agriculture et élevage essentiels pour relever le défi du changement climatique
Arnaud Gauffier, pour le WWF, s'est montré plus réservé sur l'intensification, notamment en évoquant la ferme des « 1.000 vaches », prônant plutôt une diminution de la consommation nationale de viande. « Sans forcément diminuer l'élevage, a-t-il précisé, car il y a la possibilité d'exporter. » « On n'a pas de très fortes divergences de vues, a affirmé Bruno Dufayet, alors qu'Interbev et le WWF travaillent ensemble sur cette thématique. Rééquilibrer les consommations sur le territoire mais continuer à produire plus et mieux, j'adhère à ce discours. »
Si plusieurs leviers sont d'ores et déjà identifiés, les incertitudes sur les inventaires d'émissions de gaz à effet de serre de l'agriculture sont encore supérieures à 20 % en moyenne. Mais une chose est sûre : l'agriculture et l'élevage sont essentiels pour relever le défi de l'atténuation du changement climatique. Même si les chefs d'Etat européens ont eu la sagesse d'inscrire la spécificité du secteur agricole dans les objectifs du paquet climat-énergie.