En raison de la crise économique, les ventes de cognac sur la campagne 2008-2009 accusent une baisse de 14,4% en volume, avec 130,8 millions de bouteilles de spiritueux français expédiées. Mais les professionnels prévoient un début de reprise pour la fin de l'année.
Cette diminution, la deuxième consécutive après la baisse de 6,2% du nombre de bouteilles expédiées observée en 2008 (148,2 millions de bouteilles), intervient après «6 ou 7 années de progression» et une année 2007 record (158 millions de bouteilles), relativise Alain Philippe, directeur du Bureau national interprofessionnel du cognac (Bnic).
«Si en 2000 on nous avait prédit ce niveau pour 2009, nous aurions signé tout de suite!», assure-t-il, rappelant qu'«on s'habitue vite à des bons chiffres».
Ceux dévoilés vendredi par le Bnic font état d'une baisse générale de 14,4% du nombre de bouteilles expédiées, pour un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros, en baisse de 9,3%, pour la campagne clôturée au 31 juillet.
Alain Philippe explique cette baisse notamment par «la crise économique qui frappe de plein fouet» un produit «de luxe» mais aussi par «l'écoulement de sur-stocks», qui devrait rapidement engendrer «un phénomène de stockage».
«La baisse (en volume) est quasiment similaire sur les trois grandes zones», que sont l'Amérique du Nord (-17%), l'Europe (-15%) et l'Asie (-11%), détaille Stéphane Feuillet, responsable du bureau des statistiques au Bnic.
Toutefois, la production est en hausse de 4,2% à 632.827 hl par rapport à l'exercice précédent, une augmentation due «à des aléas climatiques», selon Alain Philippe.
La baisse des ventes est de 20,6%, à 13.432 hl, en France et de 14,2%, à 352.917 hl, à l'étranger (96% des volumes sont exportés). Les exportations vers les Etats-Unis, le plus gros marché mondial, ont diminué de 18%, à 118.737 hl. «En forte progression depuis 20 ans, ce marché a peut-être atteint son apogée», suppose Alain Philippe.
L'importance de la consommation aux Etats-Unis est le fruit d'un «intense travail promotionnel dans un pays où le cognac est «consommé par les populations afro-américaines et hispaniques, par opposition aux populations blanches, consommatrices de whisky», explique-t-il. Aujourd'hui, c'est au tour de la Chine d'«être labourée pour toutes les maisons», poursuit le directeur de l'interprofession.
Troisième marché mondial, qui absorbe également une partie des importations effectuées par Singapour (2e marché, avec 49.954 hl, -13%), la Chine est d'ailleurs l'un des rares pays où les ventes se sont accrues (+3,3%, avec 31.919 hectolitres), avec le Mexique (+11,7%, 3.674 hectolitres) et la Suède (+9,9%, 3.209 hectolitres).
Environ 5.500 viticulteurs fournissent 270 maisons de production, dont quatre – Hennessy (LVMH), Rémy-Martin (Rémy-Cointreau), Martell (Pernod-Ricard), Courvoisier (Fortune Brands) – réalisent 80% du volume d'affaires.
Face à la baisse des ventes, le risque aujourd'hui serait «de sur-réagir, comme nous l'avons fait il y a une dizaine d'années» quand le secteur se portait moins bien, en diminuant drastiquement la production pour résorber les stocks, après quoi, «quand les ventes ont de nouveau progressé, nous avons manqué de cognac disponible», prévient Alain Philippe.
Pour lui, «on a touché le fond». Il pronostique d'ailleurs «un redémarrage possible au 4e trimestre». Un signe ? «Les boîtes d'intérim embauchent pour la mise en bouteille».
