« Tensions fortes », « inquiétudes sur la filière porcine », « grosses difficultés sur la filière laitière », « ras-le-bol des attaques d'écologistes et des reportages à charge sans éthique journalistique »... Les Jeunes Agriculteurs (JA), rassemblés au Mans du 16 au 17 juin pour leur 49e congrès national, témoignent d'une « ambiance électrique ».
« Une grande partie de nos adhérents sont prêts à en découdre. D'autres sont résignés », résume Céline Imart, vice-présidente du syndicat. Parmi les principaux sujets de colère : les atermoiements administratifs liés aux aides à l'installation. « Nous sommes à la mi-juin et aucune DJA n'a encore été versée pour 2015 », s'énerve l'élue JA, impatiente d'entendre les justifications du ministre de l'Agriculture, attendu jeudi à la fin de la matinée.
Pérenniser le financement du syndicat
Les crises frappant à répétition le monde agricole ne sont pas les seules sources d'inquiétude de Jeunes Agriculteurs, qui doit en prime réfléchir à la pérennité de son financement.
JA cherche en effet une parade à la baisse des fonds publics attribués au financement du syndicalisme agricole (FSA). Parmi ses pistes de réflexion, le syndicat entend trouver de « nouveaux partenaires » financiers. Pour y parvenir, les jeunes ont voté à huis clos, mercredi matin, un projet de fonds de dotation, outil de collecte d'argent privé en vue de missions d'intérêt général. En l'occurrence : « l'installation, les filières... Autant d'enjeux que nous partageons avec de nombreux acteurs », assure Céline Imart. Selon elle, « l'objectif est d'attirer des partenaires avec qui nous pourrons établir des relations sur le long terme autour d'intérêts communs ».
JA devra toutefois veiller à ce que la part des cotisations de ses adhérents ne soit pas trop négligeable, l'autonomie financière étant le prix de l'indépendance.
Améliorer la protection du foncier
Au-delà des tensions du secteur et des enjeux internes au syndicat, les congressistes ont pu se livrer au traditionnel exercice démocratique que représente le vote du rapport d'orientation. Thème de l'année : l'amélioration de la protection du foncier. Avec, au programme de leurs travaux, le rééquilibrage budgétaire entre les Safer et les établissements publics fonciers (EPF), le renforcement des dispositifs fiscaux liés à l'urbanisme et au foncier, la sanctuarisation du droit de préemption du preneur...
Jeunes Agriculteurs propose, entre autres, de supprimer certains baux du dispositif actuel, et en particulier le bail cessible hors cadre familial. Une proposition étonnante puisque le syndicat lui-même portait cette initiative de la loi d'orientation de 2006. « Il n'y a pas lieu de faire notre autocritique à ce sujet puisque la version aboutie du système a été complexifiée à outrance par rapport à la proposition d'origine », répond JA. Son intention est de « substituer un dispositif défaillant à un autre qui fonctionnera », en faveur d'un jeune qui s'installe.
Autre piste étudiée : le portage « agricole » du foncier, en cas d'apports de capitaux extérieurs, qui consisterait « à ce que la profession conserve la mainmise sur le sort de terrains qui pourraient aller à destination d'un jeune ». Pour JA, il faudrait imaginer « une structure intermédiaire entre l'investisseur et l'exploitant, qui soit propriétaire du foncier ». Le « GFA mutuel », par exemple. Et le syndicat d'épingler au passage des organismes tels que Terre de liens, qui ne prend pas en compte « la défense de l'installation aidée et la formation »...
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jeudi 18 juin 2015 - 09h31
En ce qui concerne le foncier, ils sont à côté de la plaque: il faut respecter le droit de propriété; ce qu'ils prônent relève de la collectivisation