«La régulation des marchés agricoles au niveau international n'est pas faisable», a affirmé l'économiste Philippe Chalmin, lors d'une table-ronde sur l'instabilité des marchés agricoles organisée mercredi par le CSAAD (1). La marge de manoeuvre internationale est limitée à des politiques d'urgence. La régulation doit se créer au niveau national dans les pays en développement, explique-t-il.
L'instabilité des prix est une menace avant tout pour les populations les plus pauvres, qui représentent un septième de la population mondiale. Dans la lutte contre la faim, les pays en développement doivent organiser la régulation au niveau national.
Philippe Chalmin propose un modèle de garantie des prix avec un système d'intervention de l'Etat, fonctionnant comme la Pac de 1958. Ce serait selon lui le modèle le plus efficace pour augmenter la productivité et une dynamique chez les producteurs.
La principale limite reste de savoir qui va payer pour cette régulation, dans des pays où les consommateurs comme les contribuables ne sont pas solvables, avec des Etats affaiblis en manque de structures administratives. C'est sur ce problème majeur que doit se concentrer l'aide internationale.
Pour la régulation internationale, Philippe Chalmin a proposé toutefois trois «pistes de régulation»: le commerce équitable où les consommateurs acceptent de payer les produits plus chers, des politiques de coordination entre les principaux acteurs des marchés pour un prix minimal, et l'entretien d'un stocks d'urgence.
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(1) Conseil stratégique agricole et agroalimentaire durable, organe d'étude pour le ministre de l'Agriculture crée en mai 2008.