Dans le contexte de la crise alimentaire mondiale, le libre-échange est «souhaitable pour les pays développés», a affirmé Philippe Chalmin, professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine, dans le cadre d'un débat organisé le 11 juin par l'Afja (Association française des journalistes agricoles). Face à ceux qui mettent en cause la spéculation, il estime que «le mérite du marché est d'avoir fait passer un message».
Bertrand Hervieu, secrétaire général du CIHEAM (Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes) considère de son côté que le tout-marché «ça ne fonctionne pas». Il donne l'exemple des pays du sud de la Méditerranée. Le faible niveau des cours mondiaux a soutenu les importations et découragé la céréaliculture locale.
Prônant la nécessité de soutenir l'agriculture de ces pays, il se demande si «on ne se réveille pas trop tard». Une classe moyenne solvable s'est développée dans la population des pays du sud de la Méditerranée, notamment dans les zones côtières, explique-t-il. La demande alimentaire a vite été captée par le développement rapide de la grande distribution. Or celle-ci a favorisé l'approvisionnement sur le marché mondial, et les agricultures de ces pays ont été renvoyées sur les marchés locaux non solvables, explique-t-il.
Bertrand Hervieu constate qu'il est difficile de faire converger les institutions internationales (FAO, OMC, Banque mondiale), sur la question de la sécurité des approvisionnements alimentaires. «L'Europe ne met pas l'agriculture dans les priorités du processus de Barcelone» (partenariat euro-méditerrannée), regrette-t-il.
Pour l'Union européenne, Philippe Chalmin soutient que «à terme, la Pac n'a plus de raison d'être une politique d'organisation des marchés» céréaliers et qu'il faut passer «à une politique de compensation».