Les agriculteurs ont mené mardi de nouvelles actions pour réclamer notamment de meilleurs prix pour leurs produits, installant des barrages sur des autoroutes et menant des « contrôles » de cantines, d'abattoirs ou encore de grossistes dans diverses régions.
Plusieurs centaines d'agriculteurs lorrains, éleveurs comme céréaliers, ont dressé des barrages filtrants sur l'A4 et l'A31, provoquant des bouchons de plusieurs kilomètres sur l'autoroute et saturant le réseau secondaire adjacent. « Nous allons contrôler tous les camions frigorifiques, pour repérer la viande d'importation », a déclaré à l'AFP le président de la FDSEA de Moselle, Jean-Marc Brême.
Les agriculteurs ont stationné leurs tracteurs près de Metz, sur les voies d'autoroute au niveau de l'échangeur entre l'A4 Paris-Metz-Strasbourg et l'A31 Nancy-Metz-Luxembourg, a-t-il précisé. Les manifestants, qui ont accroché à leurs tracteurs des banderoles sur lesquelles on peut lire « L'agriculture mise à mort » ou « Des prix, pas des primes », n'ont commencé leur action qu'après 8h30 pour ne pas perturber les déplacements à l'heure de pointe des nombreux frontaliers travaillant au Luxembourg. Un autre barrage filtrant a été installé à Phalsbourg (Moselle), à une centaine de kilomètres plus à l'est, où se rejoignent la N4 (axe Nancy-Strasbourg) et l'A4 (axe Metz-Strasbourg), provoquant des bouchons.
Dans le Gers, quelques centaines d'agriculteurs ont dressé des barrages filtrants aux entrées du village gersois de Marciac, hôte depuis lundi du plus important festival de jazz de France, a constaté une journaliste de l'AFP. Un agriculteur distribuait notamment à une entrée du village des tracts où était inscrit « WANTED » au-dessus d'une photo du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, dont la venue ce mardi avait été annoncée, mais qui finalement ne devait pas faire le déplacement. « Tout le monde est invité à Marciac. Mais pas Monsieur Le Foll », explique Bernard Malabirade, président de la FDSEA. « Il est interdit de Gers. »
Dans les Pyrénées-Atlantiques, quelque 200 éleveurs ont procédé mardi matin à des « inspections » d'abattoirs et de grossistes en divers points du département, et d'une société de transformation (Pedavia) à Saint-Palais. Dans cette dernière, « on a trouvé des choses plus que choquantes. Des bêtes nées en Autriche, élevées en Allemagne et abattues en Pologne. 90 % des bêtes passent par des pays étrangers, que ce soit du porc, du mouton ou de la vache », a déclaré à l'AFP Jean-Marc Couturejuzon, président des Jeunes Agriculteurs 64, coorganisateurs des actions avec la FDSEA 64.
A Rouen, des « contrôles » ont visé les cantines de la préfecture de la Haute-Normandie et du conseil régional. A la préfecture, « on a trouvé de la terrine de lapin chinoise, du bœuf espagnol, de la joue de porc congelée allemande, des champignons de Paris polonais, des tomates belges », a indiqué à la presse Stéphane Donckele, secrétaire général de la FDSEA de la Seine-Maritime. « Il y avait aussi beaucoup de produits conditionnés en France, mais dont l'origine était incertaine », a-t-il précisé.
A Bourg-en-Bresse, dans l'Ain, quelques dizaines de tracteurs ont convergé vers le centre, à l'appel de la Confédération paysanne et de l'Apli (Association des producteurs de lait indépendants), se contentant de défiler en cortège, pour se démarquer des actions de la FNSEA. Malgré les mesures obtenues vendredi concernant le lait, « on a toujours un problème de surproduction, il faut réguler la production », a dit à l'AFP Matthieu Marcon, de la Confédération paysanne de l'Ain.
Dans l'Indre, une centaine d'éleveurs ont bloqué cinq grandes surfaces de La Châtre, devant lesquelles du fumier a été déversé tandis que des tracteurs bloquaient les accès.
Lundi, les agriculteurs avaient notamment installé des barrages dans le Bas-Rhin à la frontière avec l'Allemagne pour dénoncer les « distorsions de concurrence » existant, selon eux, en faveur de leurs homologues étrangers, et bloqué l'autoroute Paris-Rennes.