La commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, va présenter jeudi de «nouvelles propositions» destinées à faire face à la crise du marché du lait, a indiqué mardi son porte-parole Michael Mann. Ces idées, dont elle réserve la primeur à la commission agricole du Parlement européen à Strasbourg, «ne constitueront pas un revirement de politique» par rapport aux mesures proposées jusqu'ici par la Commission, a-t-il toutefois relativisé.
Mme Fischer Boel est notamment prête à «chercher des moyens d'assurer que les paysans obtiennent un juste prix, pourvu que cela ne contredise pas les règles du marché», a-t-il précisé.
La commissaire européenne a toujours dit qu'elle se refusait à remettre en question les décisions du bilan de santé de la Pac adopté par les 27 pays de l'UE lors de leur sommet de juin, a ajouté le porte-parole. Cette réforme prévoit notamment la suppression à terme du système des quotas laitiers, et réduit diverses subventions agricoles.
Les éleveurs, qui ont entamé une grève du lait dans certains pays comme la France et la Belgique, réclament au contraire une baisse de la production pour faire remonter les prix, ou du moins un gel. Ils dénoncent la suppression programmée des quotas de production.
Bruxelles doit depuis des semaines faire face à une fronde des producteurs de lait qui réclament de l'aide face à la chute des prix. Elle est aussi sous la pression des pays aux intérêts agricoles importants qui lui demandent d'agir
La France et l'Allemagne avaient réussi la semaine dernière à rallier 14 pays de l'Union européenne à une proposition visant à instaurer «une nouvelle régulation» du secteur laitier, passant par le maintien ou la réintroduction d'aides importantes. Selon Paris, deux autres pays, l'Espagne et la République tchèque, ont depuis ajouté leur nom à la liste, qui compte à présent 18 Etats sur 27 de l'UE.
M. Mann a toutefois fait observer que certaines idées de ce texte étaient «similaires» à des propositions déjà présentées par la Commission en juillet.
Interrogée à ce sujet mardi à Växjö en Suède, à l'issue d'une réunion des ministres européens de l'Agriculture, Mme Fischer Boel a réitéré qu'elle «n'excluait aucune solution, à l'exception d'une remise en cause des mesures du bilan de santé».
La commissaire est ainsi favorable à la mise en place de labels d'origine laitiers, sur une base volontaire, une des idées du document franco-allemand. Et elle s'est déjà dite ouverte à l'idée d'une fixation des prix laitiers de manière contractuelle entre industriels et producteurs, au niveau national, comme le souhaite Paris.
Les dix-huit pays qui soutiennent l'initiative franco-allemande sont: l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, la Bulgarie, l'Espagne, l'Estonie, la Finlande, la France, la Hongrie, l'Irlande, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, le Portugal, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie.
La Pologne devrait apporter sa réponse «la semaine prochaine», a indiqué mardi à Rennes le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire.
Mais une grosse minorité de pays, favorables à la libéralisation du secteur laitier, ne s'y est pas associée, illustrant les divergences entre Européens sur l'avenir de la profession, et de l'agriculture en général dans l'UE.
Lire également: