La Commission européenne a annoncé lundi la création d'un «fonds laitier» de 280 millions d'euros pour aider le secteur en crise, sous la pression conjuguée des producteurs qui expriment leur colère depuis des semaines et d'un nombre grandissant de pays de l'UE.
Après avoir longtemps refusé de délier les cordons de la bourse, la commissaire à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, a fini, lors d'une réunion à Luxembourg des ministres de l'Agriculture européens, par «vider ses poches», selon son expression.
L'annonce intervient en réponse à la demande d'un groupe de 21 pays, emmenés par la France et l'Allemagne, qui milite activement pour que le secteur laitier, en cours de libéralisation avec la fin programmée des quotas de production, ne soit pas livré à la seule loi du marché.
Le nouveau fonds sera réparti au niveau national au prorata de la production laitière, ce qui fera de l'Allemagne (20%) et de la France (17%) les deux principaux bénéficiaires de l'enveloppe. Paris estime pouvoir en obtenir entre 47,6 et 60 millions d'euros.
L'argent devra permettre de venir en aide aux exploitants qui ont les problèmes de liquidités les plus importants, sur la base de critères «non discriminatoires».
Il s'agit d'une «contribution de la Commission pour mettre un terme aux manifestations dans les rues», a reconnu Mariann Fischer Boel, soumise à une intense pression depuis des semaines. Elle a reconnu dans le même temps que cela représentait «moins de 1.000 euros par producteur».
Le président du Copa (fédération des syndicats agricoles européens), Padraig Walshe, s'est félicité de l'annonce de Bruxelles, tout en estimant que ce n'était «pas assez».
«Nous ne pouvons pas continuer ainsi en Europe avec des agriculteurs au bord de la banqueroute», a-t-il souligné, ajoutant que d'autres secteurs, l'élevage ou les céréales, étaient aussi «sous pression».
Les agriculteurs de la Fédération européenne des producteurs laitiers (EMB), à l'origine des récentes grèves des livraisons de lait, ont estimé pour leur part qu'ils ne pouvaient se contenter de cette subvention «sans une réduction des volumes» de lait sur le marché.
Mais aucun des ministres présents à la réunion n'a soutenu l'idée d'un retour aux quotas de production, a souligné Mme Fischer Boel, en rappelant qu'un groupe de travail de haut niveau était chargé de réfléchir d'ici à juin 2010 à des moyens de protéger la filière contre les trop grandes fluctuations de prix.
La commissaire danoise a en revanche prévenu qu'après ces 280 millions d'euros, elle ne pourrait plus faire de cadeaux.
«Vous avez plumé la poule aux oeufs d'or au maximum, il ne me reste rien», a-t-elle averti. Et de marteler: «On peut avoir d'autres craintes dans le monde agricole, mais là je le dis il n'y aura plus un sou.»
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