« La loi d'avenir pour l'agriculture peut-elle concilier les intérêts de l'agriculture et la protection de l'environnement ? » Tel était le thème de la table ronde organisée par l'Association française de droit rural (AFDR) à Saint-Brieuc, le vendredi 19 juin 2015.
« Elément phare de la loi, le GIEE est-il le bon outil ? », interrogeait Jean-Baptiste Millard, responsable de la gestion des entreprises et territoires à Saf agr’iDées, animateur de la table ronde. Pour les différents intervenants, « le monde agricole n'a pas attendu le GIEE pour mettre en place la triple performance économique, sociale et environnementale, au sein des exploitations ». Jean-Luc Cade, président de Coop de France nutrition animale, indiquait ainsi que « le GIEE n'apporte rien de nouveau, à part peut-être une meilleure organisation de ce qui existe déjà. Il doit être un réceptacle d'aides, mais on se demande lesquelles ».
Gilles Huet, délégué de l'association Eaux et Rivières de Bretagne, avançait en revanche que « le GIEE répond à une vrai demande, une demande environnementale ». Il regrettait cependant le changement permanent de ce type d'outils : « Le temps qu'il soit mis en place, qu'il soit mis en œuvre, l'outil change. Il n'y a pas de visibilité à moyen terme suffisante pour l'acteur économique qui doit le mettre en place. » Olivier Allain, président de la chambre d'agriculture des Côtes-d'Armor, pointait le manque d'un « dispositif fiscal incitatif, pour faire un effet levier ».
« Environnement et économie ne sont pas antinomiques »
Autre question soulevée pendant les échanges, l'objectif de baisse des produits phytosanitaires donné par la loi d'avenir est-il tenable sans recours aux biotechnologies ? Pour Jean-Luc Cade, « cet objectif est inatteignable sans remise en cause de la production. On peut aujourd'hui réduire de 15 à 17 % l'utilisation des phytos sans recours à la biotechnologie. Cela laisse un champ très large à la recherche et au développement et aux innovations technologiques ». Un retour à l'agronomie encouragé par Olivier Allain, pour qui « la clef de la rentabilité de l'exploitation est d'avoir une forte productivité tout en ayant peu d'intrants, ce qui montre qu'environnement et économie ne sont pas antinomiques ».
« Un changement de stratégie économique est à prévoir et n'est pas forcément pris en compte, notamment dans les coopératives d'approvisionnement, regrettait Gilles Huet. Au lieu de pesticides et d'engrais, il faudrait vendre du conseil, de l'intelligence et de la formation ».
Une remarque qui n'a pas manqué de faire réagir Jean-Luc Cade, indiquant que « la stratégie se construit sur le moyen et le long terme et nécessite un temps de mise en place et viabilité économique. Plus de conseils et moins d'intrants dans l'activité des coop ? Sûrement ! Mais un temps d'adaptation est nécessaire ; il faut gérer à la fois le présent et l'avenir ».