La filière de la canne à sucre brésilienne veut ouvrir des bureaux de représentation aux Etats-Unis, en Europe et en Asie pour combattre le protectionnisme ainsi que les «mythes et les préjugés» contre l'éthanol, selon son nouveau chef de file, Marcos Jank.
Le nouveau président d'Unica, principale organisation de la filière de la canne à sucre, veut «combattre les restrictions à la consommation de sucre», un produit qui selon lui est «le plus protégé du monde», ainsi que contre les exportations d'éthanol.
«Nous devons convaincre les USA et l'Europe d'accepter les importations» d'éthanol de canne à sucre, a-t-il ajouté.
«Nous ne voulons pas devenir l'Arabie saoudite de l'alcool», a affirmé M. Jank. Le Brésil doit répondre en priorité à sa demande intérieure, du fait de la pénétration grandissante des voitures bicarburant (essence/éthanol).
Ce n'est qu'à partir de 2010, selon lui que, le Brésil disposera d'excédents significatifs pour l'exportation. Quelque 20% de sa production de 18 milliards de litres d'alcool est actuellement exportée.
«Nous voulons que d'autres pays consomment et produisent de l'alcool», a souligné M. Jank, pour qui l'éthanol de canne à sucre représente «une chance pour toutes les régions tropicales pauvres».
Selon lui, le développement de l'éthanol dans le monde passera davantage par l'obligation d'inclure un pourcentage d'alcool dans l'essence que par la généralisation comme au Brésil de véhicules «flex-fuel», roulant à l'essence ou à l'éthanol.
M. Jank a également déclaré son intention de «combattre les mythes et les préjugés» sur l'éthanol, notamment «le mythe selon lequel il va éliminer la production d'aliments». «Parler de monoculture de la canne n'a pas de sens» selon M. Jank, qui voit au contraire une «diversification des cultures depuis les années 1930».
M. Jank s'est déclaré prêt au dialogue avec les organisations non gouvernementales sur les questions sociales et environnementales afin de trouver «des points de convergence et de définir des objectifs communs».
Il a affirmé son intention de lutter contre la sous-traitance des coupeurs de canne à sucre, souvent à l'origine de conditions de travail dégradantes.
Le nouveau chef de file de l'industrie brésilienne de l'éthanol et du sucre a également mis en avant le potentiel de développement de la production d'électricité à partir des déchets de canne à sucre.
D'ici à 2020 en utilisant les montagnes de bagasse, déchets fibreux résultant de l'extraction du jus de canne servant à la fabrication du sucre et de l'éthanol, ainsi que la paille, le Brésil pourrait multiplier par quatre sa production de bioélectricité à 20.000 mégawatts (MW), ce qui couvrirait 20% de sa consommation.
Actuellement une partie des usines de sucre et d'éthanol produisent 5.000 MW en brûlant la bagasse dans des chaudières de cogénération pour leurs propres besoins en énergie et revendent l'excédent, soit 1.700 MW au réseau électrique, ce qui ne couvre que 2% des besoins totaux du Brésil.