L'Union fédérale des des consommateurs (UFC-Que Choisir) estime, dans une étude (1) présentée le 24 février 2015, que l'étiquetage nutritionnel simplifié par code de couleurs constitue un outil « simple et efficace » : il permet de distinguer clairement les aliments bons pour la santé et les autres, avec parfois quelques surprises.
L'étiquetage nutritionnel simplifié, dévoilé en juin dernier par le gouvernement, doit être mis en place dans le cadre du projet de loi sur la santé de Marisol Touraine, examiné à partir de la mi-mars à l'Assemblée nationale. La ministre estime que ce dispositif permettra d'orienter les consommateurs vers les produits les moins riches en sucres, graisses ou sel et ainsi de faire baisser l'obésité. Mais elle se heurte à la vive résistance de l'industrie agroalimentaire qui dénonce, par la voix de l'Ania, « une approche médicalisée de notre alimentation » (voir plus loin).
Pour l'UFC-Que Choisir, qui a mené un test d'étiquetage sur 300 produits de consommation courante, ce système de couleurs se révèle être un « outil informatif et éducatif réellement au service des consommateurs ». « Alors que les recommandations officielles de ne pas manger trop gras, trop salé ou trop sucré sont en réalité difficile à mettre en œuvre » du fait notamment d'un ancien étiquetage trop complexe (basé sur une présentation chiffrée des différents nutriments (glucides, lipides, protéines...) pour 100 grammes), « elles deviennent enfin à portée de main grâce à ce nouvel étiquetage », juge l'association.
Feu vert au petit-salé aux lentilles
Le nouvel étiquetage présente de manière « synthétique » l'information dont le consommateur a besoin pour choisir son alimentation, au moyen de pastilles de couleur allant du vert, pour les aliments qui ont un « intérêt nutritionnel marqué et qui doivent être consommés de manière quotidienne et en quantités suffisantes », au rouge pour les produits ayant « la moins bonne qualité nutritionnelle » et devant être consommés en quantité limitée et occasionnellement, en passant par le jaune et l'orange, explique l'UFC.
Outre sa meilleure lisibilité, l'étiquetage par couleur permet aussi de « déjouer les techniques de marketing consistant à arborer des réductions flatteuses de sel et de matières grasses ou encore à monter en épingle tel ingrédient valorisant pour conférer une image nutritionnellement correcte », est-il indiqué. C'est ainsi que le test d'étiquetage met au jour le fait que plusieurs aliments, présentés comme étant des produits minceur, à l'image des céréales « Spécial K » ou « Nestlé fitness », se verraient en fait affublés de pastilles orange, ou que les yaourts « Taillefine 0 % sans édulcorant » ressortiraient en jaune.
En revanche, à rebours de certaines idées reçues, plusieurs plats préparés supposés riches en matières grasses, comme le « Cassoulet mitonné » de William Saurin ou le « Petit salé aux lentilles », se verraient décerner une pastille verte.
Un « dispositif simpliste » (Ania)
L'Association nationale des industries alimentaires (Ania) « maintient son opposition à tout dispositif d'étiquetage nutritionnel simpliste reposant sur un code de couleurs et qui sous-tend une approche médicalisée de notre alimentation », écrit-elle dans un communiqué du 24 février 2015, publié en réaction à l'étude de l'UFC-Que Choisir.
« Les dispositifs reposant sur un code de couleurs ne constituent pas un bon outil pour améliorer l'équilibre alimentaire des Français. Ces systèmes de notation nutritionnelle ignorent les déterminants fondamentaux d'une alimentation équilibrée que sont la prise en compte de la taille de la portion consommée, le moment de consommation, la fréquence et surtout les associations d'aliments au cours d'un repas. De même, l'équilibre alimentaire d'un individu ne peut se réduire à une pastille de couleur sur un produit. »
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(1) « Etiquetage nutritionnel simplifié : un antidote simple et efficace contre le marketing alimentaire » (UFC-Que Choisir, 24 février 2014).