Les investissements internationaux qui donnent aux agriculteurs locaux un rôle actif et leur laissent le contrôle de leurs terres ont les effets les plus positifs sur l'économie locale et le développement social, selon un nouveau rapport (1) publié mardi 13 novembre par la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture).
Le rapport souligne que les projets d'investissement qui allient la force de l'investisseur à celle des agriculteurs locaux sont ceux qui ont le plus de chances de succès.
La FAO estime que des investissements de plus de 80 milliards de dollars par an sont requis dans l'agriculture pour suivre le rythme de la croissance démographique et des revenus, et pour nourrir plus de 9 milliards de personnes à l'horizon 2050.
Les modèles entrepreneuriaux qui laissent aux agriculteurs le contrôle de leurs terres leur offrent une incitation à investir dans l'amélioration des terres tout en favorisant du même coup un développement durable, considère la FAO.
Alors que l'investissement agricole est la stratégie la plus efficace et la plus importante pour la réduction de la pauvreté dans les zones rurales, « le défi pour les décideurs, les agences de développement et les communautés locales est de maximiser les avantages de l'investissement agricole étranger, tout en minimisant ses risques », indique le rapport.
Les solutions alternatives à l'acquisition de terres agricoles comprennent les contrats de sous-traitance, les systèmes donnant aux agriculteurs une part du capital et les joint-ventures entre les entreprises qui investissent et les coopératives agricoles.
Le rapport juge également « très pertinents les principes volontaires relatifs aux investissements agricoles responsables qui respectent les droits, les moyens de subsistance et les ressources », indique le communiqué de la FAO. Ces principes ont été proposés par la FAO, le FIDA, la CNUCED et la Banque mondiale, précise-t-il.
Le rapport de la FAO présente un certain nombre d'études de cas sur l'impact de l'investissement étranger en Afrique et en Asie, notamment les grosses transactions foncières souvent désignées du terme accaparement des terres.
Selon le rapport, il convient d'éviter « l'acquisition de terres déjà utilisées pour les intégrer dans de nouvelles grandes exploitations agricoles et envisager, au contraire, d'autres formes d'investissement ».
Dans les investissements fonciers à grande échelle, le principal avantage invoqué serait la création d'emplois, mais le rapport pointe que « dans plusieurs projets, le nombre d'emplois créé a été plus faible que les chiffres initialement annoncés ». Et parfois « même les emplois nécessitant peu de qualifications ont été pris par des non-locaux ».
Les investissements étrangers dans les terres agricoles des pays en développement ont considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, selon le rapport. Les terres acquises sont souvent parmi les meilleurs disponibles, avec un sol de bonne qualité et de l'irrigation.
Mais vu que la majorité des projets d'investissements étrangers visent les marchés d'exportation ou la production de biocarburants, « ils peuvent constituer une menace pour la sécurité alimentaire des pays à faible revenu et à déficit vivrier, surtout en cas de remplacement des cultures vivrières qui étaient destinées au marché local ».
Les impacts négatifs potentiels comprennent le déplacement des petits exploitants, la perte de terres de pâturage au grand dam des éleveurs, la perte des revenus et des moyens de subsistance des populations rurales et la dégradation des ressources naturelles, notamment la terre, l'eau et la biodiversité.
(1) Trends and Impacts of Foreign Investment in Developing Country Agriculture (Tendances et impacts des investissements étrangers dans l'agriculture des pays en développement - pdf en anglais de 382 pages)