«Dans ces temps chahutés, le foncier rural fait une démonstration très probante de valeur refuge contre les yoyos des marchés», relève l'étude «Panorama foncier 2008», qui vient d'être publiée par Agri France, filiale de BNP Paribas Wealth Management, spécialisée dans les transactions sur le marché des terres agricoles, vignobles, forêts et propriétés d'agrément.
«Le foncier agricole est toujours resté distant de la furia des cotations, sa croissance future ne fait pas de doute, à un rythme beaucoup plus calme», affirme Agri France.
Face à l'instablilité des prix agricoles, ceux des terres «ont manifesté fermeté et surtout régularité». «Le prix du foncier réagit avec un décalage sensible, trois ans environ, face aux résultats économiques de la production qu’il supporte», explique l'étude.
«380.000 hectares de terres agricoles ont été vendus en 2007 à un prix moyen de 4.900 € qui recouvre de très fortes disparités», précise-t-elle. En grandes cultures, «les terroirs les plus prisés sont le Santerre à 11.000 €/ha, les grands domaines de la Marne à 12.000 €, de la Beauce ou de la région des Landes à 8.500 €». «Au bas de l’échelle, on peut trouver des terres à 1.500 €/ha dans la Loire-Atlantique, la Creuse ou le Jura.»
«Les vignobles sont recherchés même si le regard s’y fait plus inquisiteur face aux résultats économiques et aux performances en marketing», abserve Agri France. L'échelle de prix très large se justifie par les écarts de rentabilité. Dans le Bordelais, les prix des vignobles Entre-deux-mers se situent ainsi aux alentours de 25.000 €/ha, tandis que ceux des Pomerol atteignent 2 millions d'euros par hectare.
La forêt «poursuit sa tendance en hausse lente et sûre avec des chênaies toujours appréciées», explique l'étude. «En 2007, les transactions pour les surfaces forestières ont été importantes: 115.000 hectares cédés pour une valeur de 1,7 milliard d’euros, soit une progression de 14% sur 2006», précise-t-elle. Le prix moyen du marché ressort à 5.540 €/ha, tous massifs confondus.
«Finalement, seul le marché des résidences rurales paraît soumis aux aléas de conjoncture plus forts. Le marché gagnerait à se corriger sérieusement pour retrouver sa clientèle d’amateurs d’espaces naturels», observe Agri France. «Compte tenu de l’affaissement du marché de l’immobilier et de la corrélation apparue depuis quelques années entre l’immobilier urbain et l’immobilier rural, la hausse du prix des résidences rurales est, aujourd’hui, derrière nous», poursuit l'étude.
En 2008, le nombre de transactions a diminué de 30% par rapport à 2007. «Dans un contexte de déprime économique, un marché de transactions qui s’interrompt soudain finit, tôt ou tard, par retrouver son rythme après une baisse significative des prix», prévient-elle. De la fin de 1997 à la fin de 2007, la hausse moyenne des prix du bâti rural a atteint plus de 150%, soit plus de 9,5% par an.