Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg vient de relancer le débat sur les gaz et huiles de schiste. En effet, dans un article du Canard Enchaîné en date du 29 janvier 2014, on apprend que le ministre souhaiterait présenter après les élections municipales un rapport concluant à la faisabilité d'extraction du gaz de schiste grâce au fluoropropane, un dérivé du gaz propane.
L'utilisation de ce gaz permettrait de ne pas avoir recours à la fracturation hydraulique, interdite en France depuis la loi du 13 juillet 2011. Faisant suite à ces révélations, plusieurs voix se sont déjà élevées contre cette position notamment celles des ministres Cécile Duflot et Philippe Martin.
Réutilisable
Cette méthode d'extraction est présentée comme un procédé d'exploitation propre des hydrocarbures non-conventionnels. Le fluoropropane, ininflammable, est miscible avec les gaz et huiles de schiste. De ce fait, il remonte en même temps que l'hydrocarbure extrait. Il peut ainsi être récupéré et réutilisé pour une nouvelle extraction ou injecté dans les pipelines avec le produit extrait.
Ce procédé présenterait également l'avantage de supprimer un des aspects les plus néfastes de la fracturation hydraulique, à savoir : le recours massif à l'eau et la circulation de cette dernière dans la roche qui entraîne son chargement en métaux et en éléments radioactifs pour ensuite contaminer les terrains alentours.
Toutefois, la faisabilité de cette technique dans un pays avec une densité de population élevée comme la France reste à prouver. En effet, seules deux mille extractions ont été conduites pour le moment, aux États-Unis et au Canada, dans des régions peu peuplées.
De plus, le fluoropropane est peu disponible et cher à produire en grande quantité (plus de 10 €/kg). Il est aussi à relever qu'il participe déjà à l'heure actuelle pour 0,05 % des émissions totales de gaz à effet de serre. Or, son pouvoir de réchauffement est près de 3.000 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone selon l'ONU. Ainsi, son utilisation industrielle nécessiterait de prévenir et de contrôler le cas échéant toute fuite. Enfin, son utilisation se heurterait aux engagements de l'Union européenne qui prévoit de réduire l'usage de gaz fluorés de 80 % d'ici à 2030.