Des grêlons comme des rafales de « mitraillette » : les viticulteurs des prestigieux vignobles de la Côte de Beaune constataient les dégâts dimanche, même si les générateurs anti-grêle installés au début de juin ont permis, selon eux, d'éviter le « pire ».
Dans ses vignes de Pommard (Côte-d'Or), Jean-Louis Moissenet a décrit à l'AFP un paysage « désolant » : « Les raisins sont à terre, le feuillage est haché et les bois sont largement touchés. » Les pertes de récolte dans les parcelles sont comprises entre 50 et 90 %, a-t-il estimé. « C'est même plus grave que l'année dernière », a-t-il déploré alors que la Côte de Beaune subit pour la troisième année consécutive de violents orages de grêle. Pour M. Moissenet, « c'est une véritable catastrophe : on était parti sur une belle récolte et ça tombe à l'eau ».
Samedi vers 16h30, la grêle est tombée en abondance en Côte-d'Or, sur un couloir s'étendant de Santenay à Beaune où poussent de prestigieuses appellations viticoles. L'évaluation des dégâts prendra encore quelques jours, le temps que la vigne sèche et que les dommages soient plus visibles.
Même « désespoir » et même constat de « désastre » sur les pieds de vigne d'Anne Parent, viticultrice à Pommard également. « Les grêlons étaient moins importants que l'an dernier : leur taille variait entre celle d'un petit pois et d'une noix, mais ils étaient beaucoup plus nombreux : c'était de la mitraillette », a raconté la viticultrice. Après l'orage de grêle, qui a duré environ trois minutes, les feuilles de vigne recouvraient les routes, a-t-elle ajouté.
A Pommard, « tous les premiers crus sont ravagés et les appellations « village » sont très touchés », a-t-elle précisé, craignant des « conséquences sur les récoltes à venir », au-delà de celle de 2014. Le rendement de cette année s'annonçait pourtant comme allant « vers la normalité », avec un « bon état sanitaire », après un printemps agréable et un mois de juin chaud, selon Mme Parent.
Tenir le choc
Les viticulteurs s'accordaient dimanche à dire que les « conséquences économiques » de ce nouvel épisode de grêle toucheraient l'ensemble de la filière viticole dans la région, certains domaines se trouvant dans des « situations très tendues ». « On est mal, on ne sait pas comment on va tenir le choc », a alerté M. Moissenet.
Pour tenter de protéger le sud de la Bourgogne de la grêle, une trentaine de générateurs à iodure d'argent, destinés à diminuer le nombre et la taille des grêlons, avaient été installés au début de juin. Samedi, faisant suite à l'alerte orange aux orages lancée par Météo-France sur 32 départements, les générateurs avaient été mis en fonctionnement pour la première fois dans la région.
« C'est très bien que ces générateurs existent mais le cas d'hier [samedi] démontre la limite du système », a estimé Mme Parent, qui s'est dite « démunie face à des fléaux comme ceux-là ». « Peut-être qu'il n'y a pas suffisamment de générateurs, peut-être que ça ne monte pas suffisamment haut et peut-être faut-il envisager d'autres systèmes », s'est-elle interrogée, sans toutefois remettre en cause l'intérêt du dispositif à iodure d'argent.
Conscient que « ce dispositif est fait pour diminuer de moitié la grêle », M. Moissenet supposait : « Peut-être aurions-nous eu des grêlons plus gros sans ça ? »
Selon Thiébault Huber, président du syndicat d'appellation de Volnay et en charge de la mise en place de la protection anti-grêle dans le sud de la Bourgogne, les dégâts « auraient peut-être été pires » sans l'action des générateurs.