Le groupe français Lactalis a annoncé jeudi soir détenir 11,42 % de Parmalat. Il envisage de poursuivre sa montée au capital du groupe agroalimentaire italien, dont il veut devenir un « actionnaire industriel de référence », mais n'entend pas lancer sur lui d'offre publique d'achat (OPA).
« Nous sommes devenus le premier actionnaire de Parmalat », a indiqué un porte-parole de Lactalis. « L'objectif de Lactalis est de développer et d'aider au développement de Parmalat », a-t-il souligné.
Le capital de Parmalat est très éclaté, et flottant à 75 %.
Dans un communiqué diffusé en Italie, Lactalis a précisé vouloir mettre sur pied « un projet qui permettrait aux deux groupes, tous deux leaders dans le secteur alimentaire, d'offrir une gamme complète de produits dans les industries laitières ».
Fleuron de l'économie italienne, Parmalat, dont le nom reste associé à l'un des krachs les plus retentissants d'Europe, compte aujourd'hui 14.000 salariés dans une quinzaine de pays, d'abord en Italie mais aussi au Canada, en Amérique du Sud, en Australie et en Afrique du Sud.
Lactalis, groupe de la famille Besnier (Président, Lactel, Société), s'était dit intéressé par une reprise éventuelle de Parmalat en 2005. Présent depuis 14 ans en Italie, il y possède déjà le groupe agroalimentaire Galbani, spécialisé dans les produits laitiers et les fromages, qu'il a repris en 2006.
Le groupe français n'a pas communiqué le prix auquel il a acquis, via une opération complexe, sa participation dans Parmalat.
Il a seulement indiqué dans son communiqué avoir « constitué une position globale, égale aujourd'hui à 11,42 % du capital de Parmalat, en partie directe et en partie relative à un contrat d'equity swap (ndlr, produits dérivés) ».
En termes de capitalisation, Parmalat pesait jeudi 4,3 milliards d'euros à la Bourse de Milan, ce qui valorise la participation directe du groupe français à 491 millions d'euros.
Lactalis a indiqué vouloir devenir un « actionnaire industriel de référence » de Parmalat et précisé qu'il pourrait augmenter sa participation, mais il ne compte pas atteindre le seuil de déclenchement d'une offre publique d'achat.
Le groupe français a l'intention de prendre pied au conseil d'administration de la firme italienne et présentera pour cela une liste de candidats lors de son renouvellement à l'occasion d'une assemblée générale convoquée en avril.
Mécontents de la gestion du groupe laitier italien, les fonds norvégien Skagen AS, canadien Mackenzie Financial Corporation et suédois Zenit Asset Management AB, qui détiennent ensemble 15,3 % du capital de Parmalat, s'étaient alliés en janvier pour exiger un renouvellement de son conseil d'administration, et tenter de débarquer son patron Enrico Bondi, lors de l'assemblée générale du mois prochain.
La presse italienne avait rapporté au début de mars que Lactalis négociait avec eux le rachat de leur parts, ce que les trois fonds avaient démenti « catégoriquement ».
Enrico Bondi dirige Parmalat depuis la faillite du groupe en 2003, d'abord comme commissaire extraordinaire nommé par le gouvernement puis comme patron du groupe revenu en Bourse en 2005.
Le krach de Parmalat en 2003 est l'un des scandales financiers les plus retentissants en Europe. Il a laissé un trou de 14 milliards d'euros et englouti les économies de 135.000 épargnants.