A l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation, jeudi, sous l'égide de la FAO, l'association Alliés (1) organisait à Paris des tables rondes sur le thème de la crise alimentaire. Un constat s'impose: le premier objectif du millénaire pour le développement, de réduire de moitié la malnutrition et la pauvreté d'ici à 2015 dans le monde, sera très difficile à atteindre.
Il faudrait pour cela que ces fléaux ne concernent «plus que» 400 millions de personnes, alors que la crise alimentaire actuelle vient d'ajouter 75 millions de mal-nourris aux 850 millions en 2006.
Une table ronde a été consacrée au rôle des organisations agricoles face à la crise alimentaire. Pour Gérard Renouard, président de l'Afdi (Agriculteurs français et développement international), la régulation de la production par de vraies politiques agricoles publiques est primordiale. Il a fustigé «l'autisme» de la commissaire européenne à l'Agriculture qui encourage une régulation par le marché.
Selon lui, les agriculteurs doivent se former, se regrouper et participer à la construction de lois d'orientation agricoles dans leurs pays. «L'agriculture a besoin d'un cadre stabilisé » a-t-il insisté.
Philippe Gracien, directeur du Gnis (interprofession des semences et plants), a soutenu l'idée de régulation par zones de production homogène, comme l'avait proposé Michel Barnier en juillet dernier. Selon lui, la formation des agriculteurs et la recherche sont incontournables pour le développement de l'agriculture.
L'accès au crédit est une clé du développement agricole, a aussi expliqué Betty Wampfler, professeur à Supagro (Montpellier) et membre du réseau Cerise (Comité de réflexion sur les systèmes d'épargne-crédit).
L'agriculture des pays du Sud a du mal à trouver des financeurs du fait des niveaux de risques élevés de l'activité agricole. Ces blocages pourraient être levés par le dialogue et le partenariat entre les organisations professionnelles et les institutions financières, a proposé Betty Wampfler. «Le microcrédit est un des outils qui doit accompagner une politique de développement, pour financer la production et les infrastructures», a-t-elle conclu. Il reste que le microcrédit demeure un service coûteux, avec des taux allant jusqu'à 15 à 25%.
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(1) Alliés fait partie de l'Alliance internationale contre la faim et la pauvreté, sous l'égide des agences de l'ONU.
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