La coopérative normande d'Isigny-Sainte-Mère a indiqué lundi que son camembert au lait cru risquait de perdre l'appellation d'origine contrôlée si l'Institut national de l'origine et de la qualité (Inao) ne faisait pas évoluer le cahier des charges de l'AOC.
Cette annonce intervient après la publication d'informations par le Journal du Dimanche (JDD), faisant mention de fraudes dans les procédés de fabrication de ce produit. Ces infractions présumées auraient été repérées à l'automne 2006 lors d'une enquête de la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF), selon le JDD.
La DGCCRF a confirmé qu'une enquête était bien «en cours» mais qu'elle n'avait, pour l'instant, procédé à «aucun rappel de règlementation, ni infligé de PV à la coopérative».
«Nous n'avons pas été épinglés par les [servives de répression des] fraudes. Je réfute l'accusation de fraudes car, à l'heure actuelle, nous travaillons avec du lait cru» et non du lait «microfiltré» comme l'écrit le JDD, a réagi Claude Granjon, directeur de la coopérative installée à Isigny-sur-Mer, près de Caen.
«Par contre, nous envisageons de changer nos procédés de production afin de renforcer la sécurité sanitaire. Si l'Inao, qui se réunit le 13 mars, ne modifie pas le cahier des charges en acceptant que l'appellation recouvre des produits faits à base de lait thermisé ou microfiltré, nous sortirons de l'AOC», a-t-il ajouté.
M. Granjon a rappelé qu'en 2005, six enfants avaient souffert de graves gastro-entérites après avoir consommé des camemberts au lait cru d'une marque concurrente contaminés par la bactérie Escherichia Coli 026 . «Nous ne voulons plus que cela se reproduise», a-t-il dit.
La coopérative d'Isigny-Sainte-Mère emploie 550 salariés et a réalisé un chiffre d'affaires de 165 millions d'euros en 2006.