La FNPL (producteurs de lait de la FNSEA), l'OPL (producteurs de lait de la Coordination rurale) et les groupements de producteurs livrant à Lactalis ont vivement protesté, jeudi, contre la nouvelle proposition de contrat adressée par Lactalis à ses producteurs de lait. Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, est pressé de publier le décret sur les organisations de producteurs.
« 14.300 producteurs viennent de recevoir une nouvelle proposition de contrat, accompagnée d'un courrier de l'entreprise (Lactalis, ndlr.) qui achète leur lait, dont le ton est menaçant et inacceptable, qui donne un mois aux producteurs pour signer et cinq ans pour se taire ! », écrit Henri Brichart, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), dans une lettre ouverte adressée à Bruno Le Maire.
Cette nouvelle proposition de contrat est jugée syndicalement, juridiquement et politiquement « inacceptable » dans la mesure où elle « veut imposer une intégration rampante à ses fournisseurs », où elle « comporte des dispositions léonines », et où elle « dénature l'esprit » de la loi de modernisation agricole. « Aujourd'hui plus qu'hier, nous avons besoin d'un signe fort de votre part. [...] Nous attendons avec impatience la publication du décret sur les organisations de producteurs dans le secteur laitier », ajoute Henri Brichart, qui dit publiquement l'« inquiétude » que lui inspire cette négociation.
Dans une « lettre ouverte à Lactalis », Daniel Condat, président de l'Organisation des producteurs de lait (OPL, Coordination rurale), estime que la nouvelle proposition de contrat « n'est ni plus ni moins qu'une version édulcorée du premier envoi obligeant de mars dernier », qu'il juge « provocatrice ». « Les éleveurs ne signeront aucun document qui les mènerait à l'intégration, pour ne pas dire à un quasi-esclavage, tant que les organisations de producteurs ne seront pas officiellement reconnues. Le décret [relatif aux] OP se fait attendre et vous savez, tout comme notre ministre de l'Agriculture, jouer la montre ! [...] L'OPL vous rappelle que les producteurs n'ont aucune obligation de signer votre document, y compris sous d'hypothétiques pressions, et que seul un contrat collectif et indépendant de toutes les laiteries garantira la liberté d'entreprise de chacun. »
Pour les groupements de producteurs livrant à Lactalis : « Un seul mot d'ordre : ne pas signer ! » Dans un communiqué, ils « réaffirment leur attachement à un modèle d'organisation de producteurs non commerciale (OPNC), chargée de la négociation collective des conditions de vente du lait de leurs adhérents, seul modèle à même de garantir l'équité de traitement dans un monde bientôt sans quota. [...] Le refus de Lactalis de rouvrir un dialogue constructif conduit les responsables de groupements de producteurs [livrant à] Lactalis à être dans l'obligation d'utiliser tous les moyens légaux prévus par la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche. »
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