En Bretagne, la mobilisation des agriculteurs a été forte ces dernières semaines et la tension très perceptible. Il faut dire qu’avec la chute du prix du lait et les pertes accumulées par les producteurs de porcs depuis plus deux ans, il manque des sous dans les trésoreries. Selon une étude de la chambre régionale d’agriculture (Crab), les incidences économiques sont lourdes sur les exploitations agricoles.
La Crab avait invité tous les élus à une réunion d’information le 29 mai à Loudéac (Côtes-d'Armor) pour faire le point de la situation en lait et porc et montrer l’impact sur les exploitations bretonnes. Près de 80 élus ont répondu à l’appel.
Pour la production laitière, une variation de prix de plus ou moins un centime par litre de lait entraîne une variation de revenu de 2.000 € par UTH (unité de travail) familiale, selon la Crab.
A la fin de 2008, le résultat courant d’une exploitation laitière était de 27.100 €/UTH avec un prix de base de 337 €/1.000 l. En prenant 270 € de prix de base moyen sur 2009, il tomberait à 12.000 €/UTH, voire à 8.000 €/UTH pour un prix de base à 250 €.
Des chiffres inacceptables compte tenu des astreintes spécifiques du métier (2 traites par jour, 365 jours par an). Dans cette production, le point d’équilibre se situerait à 330 €/1.000 l, selon les chiffres du CER France Bretagne.
L’exploitation moyenne porcine spécialisée (2,25 UTH, 195 truies) a quant à elle subi 100.000 € de perte depuis deux ans, voire le double pour les moins bons. Au second semestre de 2008, le taux moyen d’endettement était de 81%, selon le CER. Pour un élevage sur quatre, il était supérieur à 100%.
Si la crise persiste, 17% des exploitations laitières et le quart des élevages porcins pourraient disparaître. «Inimaginable» pour Jacques Jaouen, président de la chambre régionale d’agriculture.
«L’agriculture et l’agroalimentaire sont les poumons de notre économie. Les agriculteurs doivent se battre pour garder une rémunération correcte», affirme-t-il.
«Tout l’enjeu est de savoir quelle agriculture nous souhaitons pour demain. Au-delà se pose un problème de choix de société», ajoute Jacques Jaouen.