«On n'est plus à l'heure des pleurs, mais à l'heure des projets», a expliqué Angélique Delahaye, présidente de la Fédération nationale des producteurs de légumes (FNPL), jeudi à l'occasion de la présentation du congrès de la structure qui se tiendra à Reims du 15 au 17 novembre. Le principal chantier des producteurs de légumes sera la valorisation de l'origine France.
Ce thème occupera plusieurs sessions de travail lors du congrès. «Ce sera un congrès de travail, avec les producteurs et toute la filière, pour construire ensemble», a affirmé Angélique Delahaye, qui souhaite que cette démarche concrète aboutisse à une forme de labellisation.
«Il ne s'agit pas de rentrer dans une logique de marque de distributeur, car on se ferait laminer, a prévenu la présidente. Quelle que soit l'enseigne, il faut que le consommateur ait la même image de l'origine France, avec tous les avantages sociaux et environnementaux que cela implique.»
Pour Bruno Scherrer, directeur de la FNPL, «il faut enclencher une dynamique pour reprendre la main sur la commercialisation de nos produits, et à partir de là on pourra aller discuter avec l'aval».
Selon la FNPL, une telle labellisation n'aurait pas forcément pour conséquence une hausse de prix pour le consommateur.
«Le terrain est prêt, et cela répond à une réelle attente des consommateurs, qui sont rassurés en achetant localement, car ils ont besoin d'identifier une personne derrière le produit», estiment les responsables professionnels de la filière des légumes.
Pour jouer la carte de la proximité, ils reconnaissent qu'il subsiste des obstacles liés à la réglementation européenne et au frein que peut constituer la remise en cause de la façon de travailler pour les centrales d'achat, qui, en régionalisant leur approvisionnement, pourraient fragiliser leur rapport de force.
Le problème de la compétitivité sera également soulevé lors du congrès. Les producteurs demanderont au ministre, qui sera présent le 15 novembre, d'améliorer la gestion des aides aux producteurs de légumes pour faire face à la hausse des coûts de l'énergie.
L'inévitable serpent de mer de la relation avec la distribution sera lui aussi abordé. «Alors qu'elles sont désormais interdites par la loi, les pratiques de rabais et ristournes sont toujours appliquées par les grossistes et la grande distribution, ce qui ampute 3 à 5% de notre chiffre d'affaires, a souligné Angélique Delahaye. Au gouvernement de faire quelque chose. Il ne sert à rien d'empiler les lois si elles ne sont pas appliquées.»