Les autorités allemandes ont mis en garde le dimanche 29 mai 2011 les consommateurs contre une infection bactérienne sans précédent provoquée par des primeurs contaminées, notamment des concombres. L'intoxication aurait déjà fait une douzaine de morts.
Le bilan s'élevait lundi à douze morts en Allemagne, après le décès de deux femmes des suites d'hémorragies provoquées par la bactérie E. coli entérohémorragique (Eceh), ont annoncé les autorités.
Actuellement, seules trois morts ont été attribuées formellement à cette bactérie par l'institut Robert Koch, chargé de la veille santaire, dans l'attente d'analyses sur les autres cas. 329 patients infectés ont développé les troubles rénaux sévères, appelés syndrome hémolytique et urémique, potentiellement mortels.
« Jusqu'à ce que les experts en Allemagne et en Espagne aient pu identifier avec certitude la source de l'agent pathogène, les mises en garde contre la consommation des primeurs restent valides », a déclaré la ministre de la Santé Ilse Aigner.
Etant donné la rapidité de la propagation de la maladie, les autorités sanitaires allemandes ont déconseillé la consommation de tomates, de concombres et de salades crus, et particulièrement ceux en provenance de l'Allemagne du Nord.
« Cette infection de SHU (syndrome hémolytique et urémique, l'affection la plus grave et mortelle provoquée par Eceh, NDLR) est une des plus importantes jamais observées dans le monde et la plus importante en Allemagne », a constaté le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
Dans un rapport daté du vendredi 27 mai 2011, il relève que l'infection semble limitée à l'Allemagne, les malades hospitalisés à l'étranger étant soit des Allemands, soit des voyageurs venant de l'Allemagne.
« Aucun cas d'infection contractée localement n'a été signalé par d'autres Etats membres que l'Allemagne », écrit le centre.
Des cas confirmés ou suspects ont également été signalés en Suède, au Danemark, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, en Autriche, en France et en Suisse, mais les personnes concernées sont apparemment toutes venues de l'Allemagne.
Les premiers soupçons se sont portés sur l'Espagne, après que des concombres produits par deux entreprises d'Andalousie ont été identifiés comme une des sources de la contamination. Mais il n'est toutefois pas exclu que la contamination ait pu se produire le long de la chaîne de distribution.
Des échantillons des lots considérés comme suspects ont été envoyés à un laboratoire en Galice (nord-ouest de l'Espagne) et de premiers résultats ne seront pas connus avant le mercredi 1er juin 2011.
Les producteurs de légumes allemands font état d'un manque à gagner de deux millions d'euros par jour, à cette étape de la crise. Et selon le regroupement des agriculteurs du nord de l'Allemagne, les ventes et la consommation de concombres, tomates et salades ont « chuté de 90 % ».
Les autorités sanitaires craignent que le pire ne soit pas encore passé. Seule la découverte de l'origine de l'infection permettra de juguler la diffusion de l'Eceh, affirment les spécialistes.
De son côté, l'Espagne demandera « une réponse dans le cadre de l'Union européenne » pour les « dommages irréparables » provoqués par la suspicion sur des concombres espagnols, accusés par les autorités allemandes de propager une bactérie, a annoncé ce lundi 30 mai 2011 la ministre de l'Agriculture.
« On est en train de nuire à l'image de l'Espagne, on est en train de nuire au secteur producteur espagnol et le gouvernement espagnol n'est pas disposé à accepter cette situation », a déclaré la ministre, Rosa Aguilar.
« Les dommages au secteur espagnol sont énormes », a-t-elle assuré, estimant qu'il s'agissait de « dommages irréparables ».
L'Espagne souhaite activer « rapidement tous les mécanismes d'aide prévus dans le cadre de l'OMC », l'Organisation mondiale du commerce, a indiqué la ministre. Elle va demander une réponse dans le cadre de l'Union européenne « pour les dommages et préjudices provoqués », et l'Allemagne devra « assumer la responsabilité qui lui revient », selon la ministre espagnole.