Face aux éleveurs lassés des attaques de loups, la ministre de l'Ecologie s'est dite mercredi prête à assouplir le protocole qui leur permet d'en abattre, sous certaines conditions.
« On ne part pas à la chasse au loup ; le loup est une espèce protégée mais ça n'interdit pas de se défendre », a déclaré Nathalie Kosciusko-Morizet, après avoir reçu à Paris une délégation d'élus, de représentants agricoles et d'éleveurs alpins.
« La pression sur les élevages est telle que je crois qu'on peut s'organiser pour la faire baisser », a-t-elle ajouté.
La ministre a notamment évoqué devant ces éleveurs de possibles nouvelles mesures comme la mise en place d'un « arrêté de défense automatique qu'on prendrait à l'année sur toutes les zones attaquées l'année précédente ».
Ces tirs de défense ne sont aujourd'hui autorisés qu'après un arrêté préfectoral consécutif à des attaques avérées. Cette proposition, qui pourrait être envisagée pour 2012, sera examinée au cours d'un comité national en charge du dossier relatif au loup à la fin d'août, selon le ministère.
« Cela fait vingt ans que les éleveurs et les élus n'avaient pas été entendus, par les ministres successifs, et je pense que Mme Kosciusko-Morizet a bien compris la problématique du loup dans les montagnes », a réagi le député-maire de Sisteron, Daniel Spagnou (UMP), « plutôt satisfait ».
« On a une augmentation de la population de loups et une augmentation des attaques en ce moment en France », a rappelé Mme Kosciusko-Morizet.
La population des loups a été estimée entre 170 et 200 individus l'hiver dernier, contre 140 à 170 un an avant, a indiqué la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) du Rhône-Alpes.
Selon le ministère, au 25 juillet, 583 attaques ont été recensées depuis le début de l'année dans dix départements pour 2.115 ovins tués. A la même date en 2010, 470 attaques avaient été recensées pour 1.786 animaux tués.
Pour cette année, près de la moitié des attaques (272 sur 583) ont été enregistrées dans les Alpes-Maritimes et le Var, mais les Alpes-de-Haute-Provence ont payé le plus lourd tribut (431 ovins tués).
« Que le loup soit protégé, on n'y voit pas d'inconvénients, mais il ne faut pas pour cela détruire d'autres espèces », a indiqué Jean-Claude Michel, l'un de six éleveurs reçus.
« Chaque année, on subit des attaques et on ne peut pas défendre notre patrimoine », a-t-il ajouté, y voyant « un préjudice économique et moral ».
La ministre a rappelé mercredi qu'elle avait renforcé en mai le protocole de défense actuel, qui, en vertu d'arrêtés préfectoraux pris ponctuellement, prévoit la protection du troupeau, l'effarouchement du loup, des tirs de défense à proximité du troupeau et en dernier recours la destruction du loup.
Les tirs de défense sont notamment désormais autorisés au moyen d'une carabine, plus efficace pour toucher le loup, et plus seulement pour l'élevage victime de l'attaque mais aussi les élevages voisins.
« Les éleveurs ont des possibilités de se défendre mais ils sont parfois découragés en raison de contraintes administratives importantes », a toutefois reconnu la ministre, qui souhaite également développer la formation des éleveurs pour rendre « les tirs véritablement efficaces ».
« On est au bout de ce qu'on peut supporter. On a obtenu quelques réponses, il faut voir ce qui pourra être mis en œuvre rapidement », a pour sa part réagi, prudent, Yves Derbez, président de l'association Eleveurs et montagnes.
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