Des agriculteurs malgaches ont accusé mardi de destruction de cultures le géant minier Ambatovy, qui vient d'obtenir de l'Etat un permis provisoire pour le plus grand projet étranger d'extraction de nickel et de cobalt à Madagascar, moyennant une caution de 50 millions de dollars.
« Selon nos estimations, 1.000 tonnes de riz et 40 tonnes de miel sont perdues par an dans un rayon de 30 kilomètres autour de l'usine Ambatovy », a déclaré Jean-Louis Bérard, secrétaire de l'association de paysans et d'apiculteurs FMMT, qui se bat depuis quatre ans contre la pollution d'Ambatovy.
Le FMMT se plaint de l'utilisation de pesticides toxiques que l'entreprise répand pour chasser les moustiques qui incommodent ses employés. Deux pesticides seraient à l'origine de la mort de centaines de ruches et de graves dégâts aux cultures aux alentours de l'usine Ambatovy.
Ambatovy, dont le principal actionnaire est le Canadien Sherritt, a annoncé vendredi avoir obtenu de l'Etat malgache un permis d'opérer pour une période de six mois renouvelable. La caution de 50 millions de dollars exigée devra couvrir les éventuels dégâts environnementaux commis par la société. « Avec cette autorisation, Ambatovy peut [...] entamer la production commerciale de nickel et de cobalt », a déclaré la société dans un communiqué.
En mars, le ministre de la Santé publique avait pourtant constaté un « déphasage flagrant entre le rapport verbal fait par les dirigeants de la société Sherritt et les réalités sur le terrain, notamment en ce qui concerne la prise en charge des victimes ». Des défaillances techniques et des manquements aux responsabilités de l'Administration avaient été pointés du doigt alors que la compagnie était en attente de son permis d'extraction.
L'entreprise Ambatovy, dont les investissements coréens, japonais et canadiens s'élèvent à 5,5 millions de dollars, prévoit de produire 60.000 tonnes de nickel, 5.600 tonnes de cobalt malgache, et 210.000 tonnes d'engrais de sulfate d'ammonium par an durant 30 ans, selon son site internet. Elle annonce la création de 15.000 emplois directs et indirects durant la phase d'exploitation.