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Marchandisation des contrats laitiers

« Une aberration économique », selon Marcel Denieul (chambre régionale d'agriculture de la Bretagne)

Publié le jeudi 08 octobre 2015 - 18h54

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A l'occasion d'un point de presse le jeudi 8 octobre 2015 à Rennes (Ille-et-Vilaine), Marcel Denieul, vice-président de la chambre régionale d'agriculture de la Bretagne (CRAB) en charge de l'économie des filières s'est exprimé sur la cessibilité des contrats laitiers et leur marchandisation alors que depuis plusieurs semaines la campagne bretonne est en ébullition sur le sujet.

 

Avec la fin des quotas laitiers, les quotas historiques se sont transformés en contrats laitiers. Certaines organisations de producteurs (OP) ont rendu ces contrats cessibles directement entre producteurs dans un cadre géographique déterminé, laissant la charge au vendeur et à l'acheteur de s'entendre sur la transaction (gratuit ou payant). Sur le terrain, un marché se met en place selon la loi de l'offre et de la demande.

 

« Acheter un droit à produire sous la forme d'un contrat laitier est un contre-sens car il ne correspond à aucune réalité économique », a expliqué Marcel Denieul, lui-même producteur de lait. « L'éleveur qui achète se crée une charge alors que le contrat n'est valable au mieux que cinq ans et que les conséquences fiscales, qu'il s'agisse d'amortissement ou de plus-value, n'ont pas été analysées », insiste-t-il.

 

« Le seul gagnant est la laiterie qui restructure »

 

Des transactions qui interrogent également nos voisins européens. « Qu'est-ce qu'il vous prend les français alors qu'il n'y a plus de quota », a-t-il pu entendre au Sommet mondial laitier qui s'est déroulé à la fin de septembre à Vilnius (Lituanie). « Les allemands qui ont subi une surenchère du temps des quotas laitiers avec des prix exorbitants ne comprennent pas cette position, eux qui ont poussé à la fin des quotas pour cette raison », explique Marcel Denieul.

 

« Le seul gagnant dans tout cela est la laiterie qui restructure et optimise sa zone de collecte en affaiblissant ceux qui sont en place. C'est une forme de cynisme que d'accepter cela », estime-t-il. « N'est-ce pas mettre le doigt dans une décroissance laitière », s'interroge-t-il. « Dans les zones de forte pression, on a donné un cadeau empoisonné aux OP en leur demandant de gérer une pénurie des volumes alors qu'il y a plus de demandes que d'offres. »

  

Des contrats tripartites pour limiter la volatilité

 

« La volatilité est là, elle est dangereuse pour la filière. Si on veut moins la subir, ne pourrait-on pas réfléchir à des initiatives privées contractuelles qui pourraient prendre la forme de contrat tripartite (producteur, transformateur, distributeur) avec des clauses de prix et de volume, propose Marcel Denieul. On pourrait imaginer que 50 % de notre lait puisse être ainsi sécurisé à des conditions définies entre les acteurs. » Selon lui, il n'est pas normal qu'un litre de lait UHT consommé en France soit dépendant de la sécheresse ou non en Nouvelle-Zélande. « De même, serait-il logique de continuer à se comparer au prix allemand alors que la stratégie n'est pas la même ? »

 

Isabelle Lejas


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Les commentaires de nos abonnés (1)
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Les transormateurs seuls à bien s'en sortir.

vendredi 09 octobre 2015 - 12h57

Il n'est certes pas normal que le prix d'un litre de lait UHT consommé en France soit dépendant de la sécheresse ou non en Nouvelle Zélande. De méme, il est illogique de continuer à se comparer au prix Allemand alors que la stratégie n'est pas la méme. N'oublions pas que la concurrence déloyale entre les pays, n'est pas acceptable également. Alors la remarque de Marcel Denieul en charge de l'économie des filières est surprenante. Il serait temps que ce responsable qui a raison dans se qu'il dit, sorte de sa province, non pas pour voyager, mais pour constater que le monde a changé. De nos jours plus rien ne se décide au parlement de Bretagne concernant le monde agricole. Ceux qui ont le pouvoir nous obligent à accepter la libre circulation des marchandises avec l'Europe et bientôt avec le monde. Alors ce qui se passe en Bretagne actuellement est secondaire, puis qu'elle va subir comme tous, les lois de la mondialisation. Pour la transformation ce n'est pas acheter Breton ou Français qui est important, mais acheter le moins cher sur le marché du monde. Pour tous nos dirigeants, ils n'est pas question de changer cette règle qui fonctionne si bien.... Actuellement ces produits se trouvent en abondance et facilement de part le monde, pour un prix dérisoire.(lait, viandes, poissons, légumes,...) pourquoi s'en priver. Progressivement l'agriculture de cette région va se trouver changée, voir détruite. Tout le monde doit en étre conscient, mais personne ne fait ce qu'il faudrait faire pour régler le problème dans la durée pour sauver les producteurs. La campagne Bretonne est en ébullition, un peu comme à l'époque d'Astérix, mais j'ai peur que cette fois ci, elle s'en sorte soumise ou du moins très affaiblie. Vouloir un prix rémunérateur pour tous les producteurs est illusoire, impossible à réaliser dans la durée avec les règles actuelle de l'Union Européenne ou celles de la mondialisation.
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Nicolas
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