Le président du Marché du porc breton (MPB), Daniel Picart, a indiqué lundi que la cotation reprendrait mardi, mais sans Cooperl ni Bigard, les deux acheteurs à l'origine du bras de fer avec les éleveurs.
« J'avais mandat aujourd'hui d'annoncer que le marché se tiendrait demain mardi, à l'heure normale, c'est-à-dire 11 heures. Par contre, sans être satisfaits car, à l'heure où l'on vous parle, Cooperl et Bigard ne reviennent pas », a indiqué M. Picart à l'issue d'une table ronde au ministère de l'Agriculture.
« Nous affecterons les quotas de Cooperl et Bigard et nous verrons bien. Notre problème était que (...) d'autres s'étaient déjà proposé pour nous faire un prix. Il n'en était pas question. Nous restons, et nous tenons à faire ce marché », qui est la « meilleure protection pour tous les éleveurs », a-t-il poursuivi.
Interrogé sur le maintien du prix d'achat du porc de 1,40 euro/kg (prix préconisé par le gouvernement), M. Picart a admis que « la mécanique du marché peut faire descendre le prix en dessous de 1,40 euro ». « Le règlement du marché va nous donner une barre de retrait qui nous servira à démarrer la cotation et on verra en fonction des enchères quelle barre, quel seuil ou quel prix on va obtenir », a-t-il expliqué. Descendre sous la barre de 1,40 euro « n'est ni le souhait du marché, ni le souhait des personnes autour de la table aujourd'hui, donc je ne pense pas que ce seuil soit percé par le bas », a-t-il estimé.
« Faire évoluer le cadran » (Inaporc)
« Un certain nombre de discussions vont s'engager, dès la semaine prochaine, pour la mise en place d'une évolution du système de fixation du prix, notamment par l'adaptation partielle du fonctionnement du marché du porc breton », a déclaré de son côté Guillaume Roué (Inaporc), qui espère ainsi des « relations un peu plus sereines entre les différents maillons de la filière ».
La table ronde qui se tenait lundi après-midi rassemblait les représentants des éleveurs et les responsables du MPB autour du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, pour tenter de résoudre la crise du Marché du porc breton dont la cotation était interrompue depuis lundi dernier, après la décision de Bigard et de la coopérative Cooperl, deux des principaux acheteurs du MPB, de ne pas se présenter aux séances. Ils refusent de payer le prix convenu de 1,40 euro/kg.
Selon M. Picart, il est sorti de cette réunion principalement « des promesses » mais « le fait nouveau est la prise en considération normale et logique du marché du porc breton ».
LES REACTIONS A LA TABLE RONDE
« Du vent sur la table ronde » (Confédération paysanne)
« Tous les acteurs du marché au cadran étaient réunis cet après-midi autour du ministre de l'Agriculture... Tous ? Non ! Les deux principaux mis en cause, Bigard et la Cooperl, ont préféré opter pour des rendez-vous dans les jours à venir. Voilà qui démontre bien l'importance réelle de cette table ronde, simple promesse faite la semaine dernière pour tenter de faire taire la mobilisation des éleveurs », écrit la Confédération paysanne dans un communiqué du 17 août.
« Cette focalisation sur Plérin est aussi une belle manière de détourner le regard de la réalité de la crise porcine. Le marché au cadran ne traite que les excédents, soit 7 % de la production ! Il serait temps de ne plus s'intéresser à ce marché de l'excédent, mais à l'excédent lui-même. Seule une régulation des volumes et la création de valeur ajoutée, en cohérence avec la demande des consommateurs, pourra stopper cette dérive qui détruit les éleveurs partout en Europe. »
« La Confédération paysanne est mobilisée pour la défense de tous les paysans, pour de véritables solutions qui prennent en compte les réalités économiques, sociales et environnementales. Nous ne laisserons pas l'agro-industrie poursuivre son plan de restructuration de l'agriculture sans y opposer notre détermination ! »