Le Conseil d'analyse stratégique (*) a rendu publique, le 15 novembre 2012, une note d'analyse relative aux bactéries résistantes aux antibiotiques. L'état des lieux est assorti d'une série de propositions en médecines humaine et vétérinaire.
Selon le Conseil d'analyse stratégique (CAS), la surutilisation des antibiotiques est « massive dans l'agroalimentaire. Dans les élevages, les antibiotiques ont été utilisés comme facteurs de croissance dans l'Union européenne jusqu'à leur interdiction en 2006. Cette pratique perdure dans les autres pays, comme les États-Unis. De plus, la surutilisation d'antibiotiques persiste notamment en traitements préventifs. »
« La France, qui reste l'un des plus gros consommateurs d'antibiotiques en Europe en médecines humaine et vétérinaire, mène depuis les années 2000 des actions pour préserver l'efficacité des antibiotiques qui ont permis quelques progrès, mais beaucoup reste à faire », estime le CAS. « La situation sanitaire actuelle appelle au renforcement des mesures visant à diminuer la consommation d'antibiotiques – notamment des molécules de dernier recours – chez l'homme comme chez l'animal, et à développer de nouvelles stratégies anti-infectieuses. »
Le rapport formule ainsi plusieurs propositions :
- Améliorer la couverture vaccinale : « Les efforts pour améliorer la couverture vaccinale, chez l'homme comme chez l'animal, doivent se poursuivre », recommande le CAS, exemple à l'appui : « En Norvège, la vaccination des saumons et truites d'élevage dès 1987 et l'instauration d'un meilleur suivi sanitaire ont réduit le recours aux antibiotiques de 98 % entre 1987 et 2004. »
- Rationaliser les prescriptions d'antibiotiques :« La séparation des fonctions de prescription et de vente par les vétérinaires en France semble difficile à appliquer à court terme, les revenus des vétérinaires (notamment en milieu rural) dépendant trop largement de la vente de médicaments. Toutefois, il serait nécessaire de repenser leurs missions et leurs modes de rémunération, en basculant progressivement les marges du médicament vers le conseil. »
- Instaurer des moratoires : à l'instar de la filière porcine, qui a prononcé un moratoire sur l'utilisation des céphalosporines en 2011, « il serait intéressant de développer cette prise de conscience en encourageant les principales filières d'élevage à adopter des moratoires similaires, tout particulièrement pour les fluoroquinolones et les céphalosporines. Ces moratoires devront s'accompagner de mesures de suivi, afin d'en évaluer précisément les effets. En l'absence de résultats concluants, il sera nécessaire d'avoir recours à une interdiction réglementaire. »
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(*) Le Centre d'analyse stratégique est une institution d'expertise et d'aide à la décision placée auprès du Premier ministre.
Lire également :
- Médicaments vétérinaires : les ventes d'antibiotiques continuent à reculer (09 novembre 2012)
A télécharger :
- La note d'analyse du CAS