La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a écarté, mardi, après ses collègues du Budget et du Travail, l'idée avancée par un rapport parlementaire de taxer davantage la «malbouffe» et d'abaisser en contrepartie la TVA sur les fruits et légumes.
«La démarche est intéressante (mais) nous sommes dans une période difficile sur le plan économique, et taxer un certain nombre de produits reviendrait à taxer les plus faibles», a estimé la ministre, sur Canal+.
Interrogée sur une baisse de la TVA sur les fruits et légumes, elle a jugé que «ça peut être une idée, mais la TVA est déjà très basse sur les fruits et légumes». «Pour l'instant, je n'ai pas retenu cette solution», a-t-elle poursuivi.
Mme Bachelot a indiqué qu'elle était «dans une démarche de prise en charge de l'obésité» et que les dispositifs qu'elle allait mettre en place dans le cadre de la loi de santé «dans quelques semaines vont donner des outils dans ce sens».
Elle est la troisième ministre à s'exprimer contre l'idée d'une fiscalité incitative pour lutter contre l'obésité. Dès cet été, le ministre du Budget, Eric Woerth, avait indiqué qu'il était «hors de question d'augmenter la TVA sur des produits alimentaires, surtout dans un contexte de difficultés de pouvoir d'achat pour les Français».
Dimanche, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a renchéri en estimant que cela entraînerait une hausse des prix, sans forcément pour autant «changer les comportements».
Le rapport parlementaire sur la prévention de l'obésité, présenté la députée Valérie Boyer (UMP) propose de moduler la fiscalité des aliments en fonction de leur qualité nutritionnelle, l'augmentant pour les produits trop gras, trop salés ou trop sucrés, et la baissant pour les fruits et légumes.
Il veut «faire de l'équilibre nutritionnel et de la lutte contre l'obésité une grande cause nationale pour 2009» avec comme «priorité absolue» les enfants, puisqu'un enfant obèse «a 80% de chances de le rester toute sa vie», avance-t-il.
L'Association nationale des industries alimentaires (Ania) a protesté lundi contre cette idée d'augmentation ciblée de la TVA.
Professionnels de l'alimentation et publicitaires n'ont pas souhaité participer à la concertation lancée en début d'année par le ministère de la Santé pour encadrer plus strictement la publicité alimentaire dans les programmes télévisés pour enfants, rappelle le rapport de Mme Boyer.
Les industriels de l'alimentation n'ont pas non plus participé au groupe de travail visant à retirer les sucreries des caisses des supermarchés.
Ces deux initiatives font partie des mesures annoncées par le gouvernement en février 2008, «retardées par la concertation avec les professionnels de l'agroalimentaire, de la distribution et des médias», déplore le rapport.
Consultez cet article :
Obésité: un ''bonus-malus'' sur les aliments parmi les propositions d'un rapport parlementaire (29/09/2008)