La chancelière allemande Angela Merkel, présidente en exercice de l'Union européenne, s'est prononcée mercredi dans son discours inaugural du Forum économique mondial à Davos (Suisse), contre le protectionnisme et pour un accord sur la baisse des barrières douanières entre les 150 pays membres de l'OMC. Par contre, les tentatives de relance des négociations entraînent une « grande vigilance » de la France.
Angela Merkel a déclaré qu'elle voulait « rendre l'Europe capable d'affronter l'avenir ». « Est-il possible d'en venir à penser que la stratégie gagnante consisterait à (...) entourer de barrières douanières ses propres faiblesses ? Ma réponse est aussi claire que courte : c'est non », a-t-elle lancé.
S'exprimant en tant que présidente du groupe des pays les plus industrialisés (G8), la chancelière allemande s'est prononcée en faveur des négociations de Doha sur la libéralisation du commerce mondial, actuellement dans l'impasse après cinq années de discussions qui achoppent sur l'agriculture.
« Il est dans l'intérêt de tous de faire en sorte que le cycle de Doha réussisse », a-t-elle estimé. « J'aimerais vous appeler vous tous, nous tous, à faire montre de souplesse » afin de parvenir à un compromis, a-t-elle déclaré devant les dirigeants politiques et milieux d'affaires réunis à Davos.
L'intervention de Mme Merkel survient alors que l'UE et quelque 25 ministres représentant les principaux acteurs de l'OMC doivent se retrouver samedi à Davos pour tenter de dégeler les négociations, suspendues depuis juillet dernier au niveau politique.
« L'occasion est là », a observé la chef du gouvernement allemand. « Il y a une chance très réelle » de parvenir à un compromis, a-t-elle ajouté, estimant que « les positions de l'Union européenne, des Etats-Unis et des pays émergents doivent se rapprocher ».
La France se montre moins enthousiaste à l’idée d’une relance des pourparlers. Le ministre de l’Agriculture Dominique Bussereau a affirmé mercredi que la France était entrée dans une « période de grande vigilance » concernant les discussions au sujet des négociations de l’OMC lors du forum de Davos.
Pour sa part, le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, a estimé mercredi lors d’une conférence de presse que les agriculteurs français et européens sont « en danger » lors des discussions informelles qui vont se tenir à Davos. « On est en danger. On constate des velléités des Américains, du directeur général de l’OMC, du commissaire européen au Commerce et peut-être de la présidence européenne assurée par l’Allemagne » de trouver un accord pour conclure le cycle de Doha sur le dos de l’agriculture européenne, a déclaré le responsable syndical.
Jean-Michel Lemétayer, qui se dit « inquiet », ne croit « pas aux efforts des Américains, aussi bien républicains que démocrates, sur l’agriculture. Seuls les dirigeants européens ont l’espoir que les Américains changent ». L’agriculture européenne a « déjà assez fait de concessions » lors des négociations à Hong Kong, a estimé le président de la FNSEA.