La réunion des principaux partenaires de l'OMC la semaine prochaine à Genève mobilise fortement les organisations agricoles françaises, FNSEA en tête, qui soulignent le danger d'un accord pour l'agriculture européenne. L'union des grandes cultures, Orama, et l'APCA (chambres d'agriculture) estiment également que les conditions d'un accord équilibré ne sont pas réunies et craignent que l'Europe ne fasse des concessions disproportionnées.
«La semaine du 21 juillet sera à hauts risques pour l’agriculture française et européenne». «Pascal Lamy, entend jouer son va tout pour obtenir un accord coûte que coûte, au plus vite et avant des échéances (élections américaines et au Parlement européen) qui diffèreraient d’autant un éventuel compromis», estime Orama, dans un communiqué.
Il serait «invraisemblable que Bruxelles négocie un accord en ayant fait des concessions majeures sur les soutiens internes et l’accès à ses propres marchés, alors que d’autres pays n’ont rien lâché sur les points qui leur sont sensibles, tels les USA qui, en matière agricole, viennent d’adopter un généreux Farm Bill», poursuit-elle.
Selon Orama, une récente étude diffusée par l’IFPRI (International Food Policy Research Institute) et l’IPC (International Policy Council) conclut que, sur le soutien interne, l’adoption du texte sur la table à l'OMC «imposerait une nouvelle réforme de la Pac», et qu’en matière d’accès aux marchés, «elle aboutirait à une libéralisation profonde des marchés européens, dépassant ce qui avait été qualifié de ligne rouge par les ministres, et qu’elle impacterait beaucoup plus le marché communautaire que le marché américain».
«Tout au long de la négociation, la Commission européenne a fait preuve d’une vision idéologique et naïve de l’agriculture, des marchés agricoles et de la politique agricole. Les événements nouveaux vécus depuis quelques mois – tensions alimentaires, forte volatilité des marchés, Farm Bill américain – montrent combien une telle vision est décalée par rapport aux réalités», affirment les producteurs de grandes cultures.
Pour Luc Guyau, président de l'APCA, «les propositions actuellement sur la table sont loin d'être de simples ajustements. Elles renvoient, y compris si les options les plus favorables venaient à être adoptées, à un bouleversement des agricultures européennes et mondiales».
«Elles consacreraient les grands pays exportateurs que sont le Brésil, les USA, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, au détriment des pays les moins avancés et de l'Europe», poursuit-il.
«Elles signeraient également les pleins pouvoirs au libéralisme le plus ultra alors que le contexte alimentaire mondial appelle à des nouvelles régulations pour sécuriser l'environnement économique des producteurs et des consommateurs les plus fragiles», ajoute Luc Guyau.
Orama, comme les chambres d'agriculture, en appellent au chef de l'Etat et au gouvernement français, qui assurent la présidence de l'UE, pour rester fermes.
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