D'après les trois scénarios de l'étude prospective «Agriculture 2013», conduite à l'initiative de l'Inra, du Crédit agricole et de Groupama, une politique de gestion des risques de fluctuations des prix et de la production devra intégrer la boîte à outils de la Pac.
Les premiers résultats de cette étude présentés le jeudi 4 octobre à Paris montrent que, quelles que soient les hypothèses de croissance retenues, la Pac de demain devra «autant stabiliser que soutenir les marchés et les revenus».
Comme l'a relevé Michel Barnier, lors de son intervention, cette étude pose la question de «la nature des soutiens face à la volatilité des prix... Un piège qui peut se refermer si nous n'anticipons pas». Sans doute le ministre de l'Agriculture faisait-il allusion aux récentes décisions de Bruxelles en matière de droits de douane sur les céréales?
Conduite par une centaine d'experts et chercheurs, cette étude montre l'impact positif de la croissance économique mondiale sur l'agriculture européenne: «Plus ça va , mieux ça va», résume Hervé Guyomard de l'Inra.
La forte dépendance entre le développement des biocarburants et le secteur des céréales et des oléagineux est aussi établie avec un impact supérieur pour ces productions, à celui de la réforme de la Pac, telle qu'elle est envisagée par Bruxelles, et des négociations à l'OMC, quelle qu'en soit l'issue.
Par contraste, les productions animales herbagères seraient les plus concernées, mais de manière négative, par les mécanismes de la future Pac et par les négociations du cycle de Doha. Cela pourrait se traduire par une diminution draconienne des volumes offerts et du nombre d'exploitations, ce qui rendrait d'autant plus légitime «l'octroi d'aides des premier et deuxième piliers pour répondre à des objectifs environnementaux et territoriaux clairement définis».
Situant ces perspectives dans un contexte plus large, Christian de Boissieu, président du Conseil d'analyse économique, a mis en garde sur les risques d'hypothèses de croissance mondiale trop élevée à moyen terme: «Le rythme de croissance actuelle de la Chine ne me paraît guère soutenable», a-t-il justifié.
Selon plusieurs experts intervenant lors de la présentation de cette étude, l'évolution du coût des transports peut aussi avoir une incidence importante sur les échanges de produits agricoles et donc les prix, de nature à bouleverser les scénarios.